Chronique | Nine Inch Nails - The Fragile

Pierre Sopor 21 septembre 1999

Cinq ans d'attente séparent le cultissime The Downward Spiral sorti en 1994 de The Fragile en 1999. Années durant lesquelles Reznor s'est profondément enfoncé dans une dépression, ravagé par ses dépendances aux drogues et à l'alcool. Cinq ans pendant lesquels le groupe était laissé pour mort depuis sa dernière tournée. Mais tout cette attente se retrouve récompensée à l'écoute de ce double album. Commençons par la "face gauche", sûrement la plus accessible des deux. Celle-ci ouvre sur Somewhat Damaged, qui, avec sa montée en puissance et son final enragé fait partie de ce que Reznor a fait de mieux. On retrouve sur cette face quelques titres incontournables comme la sublime The Day The World Went Away ou The Wretched et sa menace sous-jacente. Plus rageur et industriel, We're in The Together ou encore No You Don't garantissent leur lot de testostérone. Moins violent que ses deux prédécesseurs, cet album nous offre des titres beaucoup plus électroniques. L'ambiance est la même sur la face droite, tout aussi dévastée et hantée, la cohérence étant assurée comme sur le précédent opus par la répétition de certaines mélodies. Moins accessible, il comporte plus de titres instrumentaux. On retrouve cependant le single Starfuckers, Inc, quelque peu anachronique parmi les autres chansons, mais l'occasion pour Reznor de régler ses comptes avec les stars qui l'ont emmerdé, comme ce grand dadet de MARILYN MANSON qui vient cabotiner dans le clip, comme un signe de réconciliation entre lez deux hommes. Cette deuxième partie a peut-être déstabilisé certains auditeurs : un double album est un pari risqué et l'on peut s'y perdre à la première écoute, et pour preuve : The Fragile n'a pas connu un énorme succès commercial à sa sortie. Cependant, ce projet titanesque est d'une richesse unique, d'une puissance mélodique et rythmique ahurissante, chaque son semble avoir été ciselé pendant des siècles pour obtenir un résultat qui n'est rien moins que parfait.