Chronique | Nine Inch Nails - Ghosts I-IV

VerdamMnis 2 mars 2008 HD

Trent Reznor a décidé de surprendre, avec la disponibilité immédiate d'un quadruple album instrumental / ambient, à bande son d'un rêve, disponible sous plusieurs versions avec notamment 9 titres en téléchargement gratuit. S'étant séparé de ses anciens musiciens, c'est avec Atticus Ross que Reznor co-écrit les 36 pistes de l'album en dix semaines, aidé d'Alessandro Cortini (le clavier/arrangeur de NINE INCH NAILS en tournée depuis 2005), d'Adrian Belew (guitariste de KING CRIMSON depuis les années 80) et Brian Viglione, le batteur des DRESDEN DOLLS. On pensait les expérimentations de Reznor en musiques acoustiques, classiques ou encore asiatiques abandonnées depuis The Fragile. Visiblement, ce n'est pas le cas, difficile de ne pas penser ici au son de ce double album au fur et à mesure de l'écoute.

L'ouverture de Ghosts I rappelle The Frail : les cordes, le piano, les synthés planants sont quasi omniprésents, côtoyant par moment des guitares saturées qui nous rappellent franchement cet album (The Day The World Went Away par exemple). Cependant, les arrangements novateurs, le son plus industriel, les triffouillages electro bruitistes façon Year Zero ressurgissent par moment, montrant que Reznor ne délaisse pas pour autant la pop post-apocalyptique du dernier album. Les pistes, non-titrées, se suivent et ne se ressemblent pas, malgré la cohérence sensible. Reznor s'essaye à différents styles plus ou moins adaptés à l'ambient, passant du dark western 05 Ghosts I à une esquisse de son plutôt stoner 08 Ghosts I, ou encore à un trip-hop industriel qui semble dominer sur l'ensemble du quadruple album 09 Ghosts I.

Sur Ghosts II se succèdent des morceaux minimalistes piano / electro, des inclassables (14 Ghosts II), et enfin de l'electro plus classique, avec une arrivée en force des claviers dès la piste 16.

Ghosts III quant-à lui mêle ambiances de ville fantôme, où se croisent pianos fissurés et guitares zombies, et quelques morceaux plus electro-indus, comme la 24, pour s'achever avec les pistes 26 et 27, beaucoup plus rock (on pense à With Teeth).

Enfin Ghosts IV est certainement l'album le plus proche de The Fragile. Dès l'intro, le thème de piano nous replonge vers un son qu'on n'attendait plus, et l'impression se confirme au long de l'écoute: cordes exotiques, piano omniprésent, quelques riffs très efficaces et ultra saturés ponctuent des morceaux aériens et exotiques. Reznor s'amuse même en reprenant, à peine modifié, le thème de La Mer sur 34 Ghosts IV. L'album s'achève comme il avait commencé, sur un piano seul, qui clôt un voyage de 1h50 au nouveau pays de Trent Reznor, s'imposant peut être comme l'un des albums ambient incontournables de l'année.