Chronique | Hocico - Sangre hirviente

Sterben 4 novembre 1999

Si HOCICO est au genre "terror EBM" ce que SLAYER est au thrash metal, alors Sangre Hirviente est leur Reign in Blood : l'album-choc qui les a directement imposés au panthéon du genre.

L'humeur générale est ici particulièrement froide et glauque, avec plus qu'un fond de nihilisme punk. Qu'attendre d'autre d'un album commençant par un morceau titré Musica para un Suicido ?

L'atmosphère du disque évoque des images de sacrifice maya, d’éclipse solaire et de ruines maudites dans la jungle précolombienne... On est jeté au cœur d'une sombre fiesta, entre un club BDSM et la taverne mexicaine d'Une Nuit en Enfer (après métamorphose des strip-teaseuses en goules voraces prêtes à déguster vos entrailles sauce chili !). 

La production très raw peut sonner un peu datée par moments, mais participe aussi à la noirceur underground de l'ensemble. Chaque piste est un sommet du genre, où l'influence de SKINNY PUPPY et LEATHER STRIP se mêle aux vapeurs de la trance psychédélique des 90's, tout cela avec la puissance d'évocation d'une BO de film imaginaire. Cela aurait pu être un bordel indigeste, mais s'avère assez jouissif.

Spit as an Offence et Sucios Pensamientos feraient danser les morts ; Espinas del Mal est une sarabande macabre, envoûtante, qui ne pouvait sortir que de l'esprit des deux cousins. Distorted Face joue perversement avec nos émotions en mixant haine (les lyrics, la snare qui sonne comme des coups de feu) et sérénité (le thème principal) pour émettre des vibrations occultes. Enfin Boiling Blood, qui double son tempo à mi-parcours, reste un des morceaux les plus chéris des fans, à raison. 

Quant aux cinq instrumentaux, ils ne sont pas là à des fins de remplissage. Les zapper serait dommage tant ils participent à la narration d'un disque qui frôle le concept-album par sa cohérente richesse. 

A noter que la version CD contient 66 sections. Les plages 11 à 65 sont vides, et la dernière est une brume dark ambient qui voit Satan lui-même s'adresser à l'auditeur après une minute de silence. Un "jump scare" carrément flippant lorsqu'on a laissé tourner le lecteur !