Chronique | Obszön Geschöpf - Tomb Of The Dead

Pierre Sopor 21 novembre 2005

Imaginez un cimetière plongé dans le brouillard, en pleine nuit. Imaginez que des cadavres de petites filles au sourire sadique et sanguinolant s'y promènent en ricanant, que des zombies rampent dans la boue. Imaginez une rave dans ce décor, et vous obtiendrez un aperçu de ce qu'est Tomb of The Dead, le troisième album de Remzi Kelleci, le grand malade auteur du projet OBSZÖN GESCHÖPF. Sorti en 2005, Tomb of the Dead marque une rupture avec le précédent album Son of Evil, l'ambiance y est bien plus fouillée, bien plus glauque. De nombreux samples nous plongent tout droit en plein film d'horreur : hurlements en tout genre, rires psychotiques ... Si les compositions restent relativement basiques, s'appuyant essentiellement sur de grosse rythmiques bien lourdes et quelques synthés pour l'ambiance, elles retranscrivent parfaitement l'atmosphère de l'album, qui trouve une cohérence dans son unité. Le tout est très cinématographique. En effet, la musique d'OBSZÖN GESCHÖPF nous remplit la tête d'images, de scènes monstrueuses, décadentes, issues de séries B gores des années 80 ou de péloches italiennes déviantes. En cela, l'intro est forte : citant La Maison Près du Cimetière de Fulci, elle nous plonge dès les toutes premières secondes dans une atmosphère oppressante, malsaine, où les pires insanités prennent forme. Une sorte de horror movie en noir et blanc, avec un aspect de folie lovecraftienne. La suite reste dans le même ton, avec quelques morceaux se détachant du lot : Sex In The Crypt et ses ricanements espiègles et meurtriers tout droits sortis de House of 1000 Corpses de ROB ZOMBIETomb of the Dead ou encore Sinister Bleeding qui conclut l'album de manière frénétique. La voix de Remzi Kelleci a elle aussi bien évolue. Loin de la distorsion proche du chuchotement, façon SUICIDE COMMANDO et consorts, elle se fait ici plus effrayante, plus crade. Ce n'est plus la voix d'un homme, c'est celle d'une bête immonde. Des grognements inhumains en accord parfait avec les basses répétitives qui donnent à l'ensemble un rythme inarrêtable, hypnotique, séducteur, lorgnant parfois du coté du metal industriel, genre qui semble attirer Kelleci. Sur Tomb of the Dead, OBSZÖN GESCHÖPF réussit à construire une ambiance oppressante et sale qui tient de la première à la dernière seconde, sans moments faibles, pour une des meilleures parutions de la scène dark electro française.