Chronique | Obszön Geschöpf - Vault Of Nightmares

Pierre Sopor 3 juillet 2015

De toute la vague dark electro française des années 2000, il ne reste plus grand monde... Les TAMTRUM sont devenus vieux et respectables paraît-il, les ARSCH DOLLS ont totalement disparu de la circulation, BRAN TERROR ou encore LOK-8 sont oubliés... Et puis il y'a OBSZÖN GESCHÖPF, cette relique sacrée d'une époque révolue, qui continue, tant bien que mal, de sortir de son caveau tous les 2-3 ans pour pondre un album.

On ne va pas se mentir, le plaisir d'avoir des nouvelles de Remzi Kelleci en 2015 est réel, et ce dès les premières secondes de Vault Of Nightmares. Certes, depuis Tomb Of The Dead qui citait La Maison Près du Cimetière de Fulci, OBSZÖN GESCHÖPF fait l'économie d'introduction mais c'est pour mieux nous plonger dans le vif du sujet. Beats poisseux, rythmiques lentes et répétitives, samples étranges : le son est reconnaissable entre mille et fait plaisir à entendre. Après des débuts purement electro / EBM, OBSZÖN GESCHÖPF avait pris une orientation metal indus qui flirtait même avec le thrash sur Symphony Of Decay, avant de varier les plaisirs sur Highway Of Horror. Ce Vault Of Nightmares s'annonce de la même trempe que ce dernier : les guitares mettent près de quatre minutes à entrer en scène, et le morceau prend le temps de synthétiser tous les genres auxquels Kelleci a touché au cours de sa carrière. Une impression qui dure lors des morceaux suivants, où l'on est surtout très surpris de découvrir un chant bien moins bestial que par le passé : si on osait, on croirait presque à une sorte de tendresse un poil déviante dans Rue Morgue Creature, un morceau qui sonne particulièrement léger et retro pour OBSZÖN GESCHÖPF. Du rétro toujours avec la reprise de Obsession d'ANIMOTION et son synthé 80's kitchouille jouissif, aussi fidèle à l'originale que l'était celle de Painkiller sur son précédent album... Si il pouvait nous refaire le clip aussi, ça serait top ! Comme d'habitude, on est plongé en plein cauchemar tant l'album multiplie les ambiances horrifiques cradingues (Don't Cut Through The Cemetary), et l'on repense régulièrement à divers albums précédents : après les beats poisseux à la Son Of Evil ou Yell of Fright, Lesbian Killer nous renvoie directement à Tomb Of The Dead, alors que la plus énervée All The Dead Leave The Coffins (un des meilleurs moments de l'album) vient nous secouer les puces et nous replonge la tête la première dans l'un des deux derniers albums. On n'avait pas eu d'introduction, mais Vault Of Nightmares a sa conclusion avec Not A Dream A Nightmare, qui nous laisse avec un pincement au cœur : on espère très fort que cette fin ne sera pas celle d'OBSZÖN GESCHÖPF en général, tant les difficultés à continuer leur oeuvre sont élevées pour certains artistes.... D'autant plus que Vault Of Nightmares, vendu dans un coffret rétrospectif avec les autres albums, ressemble à un condensé de la carrière d'OBSZÖN GESCHÖPF... Avec toutefois une variété qui avait pu lui faire défaut de temps en temps, et surtout de nouvelles sonorités inattendues (ce coté rétro très amusant, moins bourrin). Allez, pour la route, le remix de MOB RESEARCH en fin d'album tabasse et nous redonne espoir. OBSZÖN GESCHÖPF doit continuer, il faut que ça continue, ne serait-ce que pour continuer à mettre en avant cette culture de la série B qui fait tant défaut à la France ! Allez, avec un peu de chance Vault Of Nightmares ne sera pas la dernière fois que ce grand malade de Kelleci nous assène ses sons crados si caractéristiques et irrésistibles.