Chronique | Obszön Geschöpf - Symphony of Decay

Pierre Sopor 27 août 2010

On savait qu'Obszön Geschöpf était un groupe d'esthètes sensibles, de fins poètes et que Remzi Kelleci est un maniaque du travail en nuances subtiles et évocatrices. Avec 'Symphony of Decay', il s'est surpassé. La pochette est encore plus dégueu que la précédente, et le virage metal emprunté avec 'Erection Body Mutilated' prend ici tout son sens en s'assumant pour de bon. Ça gueule, ça saigne, ça tache grassement, et c'est avec le même plaisir coupable que l'on retrouve tous ces samples poisseux, cette voix bestiale, ces rythmiques simples transformées désormais en gros riffs de guitare, accompagnés quand il faut d'une lichette de double-pédale pour alléger le tout. Alors forcément, on peut se demander si tout cela est vraiment digeste, parce que mine de rien, 16 morceaux (avec les deux remixes), c'est long. Mais il suffit d'en lire les titres pour répondre à cette question d'un éclat de rire, sauvage et gras bien sûr. Comment résister à 'Overkill 666' ou à la transition 'How To Become A Killer With A Granny Dress'? Au final, on peut dire que comme d'habitude, la musique d'Obszön Geschöpf est très proche des films dont elle s'inspire : crade, bourrine, totalement dans la démesure, lourdingue et répétitive si on n'est pas d'humeur, bref, en un mot : cool. On se surprend finalement à se repasser 'Symphony of Decay' en allant chercher sa hache et son bonnet avant d'aller retrouver Kelleci et son groupe dans les Ardennes en quête d'activités saines et humanistes pour le réécouter entre personnes civilisées autour d'une verveine-menthe.