Chronique | Korn - Korn III : Remember Who You Are

Pierre Sopor 6 juin 2010

KoRn annonçait un "retour aux sources", après s'être essayé à d'autres choses depuis 'Untouchables' (mis à part 'Take A Look In The Mirror'). Cette volonté se manifeste au premier coup d'oeil : 'Remember Who You Are' en est le titre. Et Davis semble avoir la nostalgie de ce qu'il était il y'a 15ans : symboliquement, il ressort le survêt' Adidas d'ailleurs. Là où les groupes associés au neo-metal ont tous cherché à évoluer (Linkin Park a viré pop-rock, Slipknot est devenu une référence du metal) ou disparu, KoRn regarde donc en arrière. Et effectivement, dès les premières notes d''Olidale (Leave Me Alone)' on retrouve ce qui définit le "son" KoRn, ce jeu de basse, ce chant torturé et rempli de rage c'est gras, ça lorgne vers le crade, très bien. Mais dès ces premières notes aussi, on ne peut pas s'empêcher de se dire que quelque chose cloche. Ca ne le fait pas totalement. Un manque de mordant peut être, les mélodies de l'illuminé et toujours regretté Head font défaut, la batterie n'est pas des plus percutante...Bref, l'ambiance ne prend pas. Soit on a vieilli, soit il manque une âme. KoRn connait la recette de son succès passé et l'applique, mais au final KoRn se répète, KoRn se copie. Et il nous vient la même impression qu'à l'écoute de 'Take a Look...' après 'Untouchables' : KoRn, à vouloir trop en faire pour revenir à un son plus dur et lourd, finit par s'auto-singer, s'auto-parodier. Cette impression désagréable reste présente tout le long de l'album, où les morceaux s'enchainent dans un anonymat relatif. Impossible cependant de ne pas ressentir quelques frissons sur de très bons moments, comme 'Lead The Parade', 'Never Around' ou 'Are You Ready To Live' qui arrivent à créer une vraie ambiance et dégager la folie qu'on aime. Si les derniers albums de KoRn étaient controversés auprès des fans, celui-là ne le sera pas pour les mêmes raisons. Difficile de le rejeter, le groupe joue comme il sait le faire, Davis chante toujours aussi bien. Mais sans âme, se complaisant dans l'évocation du passé, au mieux par nostalgie, au pire par facilité. A vouloir remettre en avant le statut de leader d'un mouvement quasi disparu en jouant sur la nostalgie de son public, KoRn surjoue et ne convainc plus. Et si 'Remember Who You Are' n'est pas mauvais, il est peut être le premier album anecdotique et dispensable de la discographie de KoRn, celui qui n'apportera rien, ne déchainera aucune haine ni passion.