Chronique | Korn - The Path of Totality

Pierre Sopor 2 décembre 2011

Ah, KORN ! A chaque nouvel album, les mêmes espoirs, les mêmes déceptions, et au final les mêmes débats. Depuis son apogée avec les albums Follow The Leader et Issues, le groupe semble errer entre volonté d'innover et tentatives de "retour aux sources", avec un résultat qui n'a plus jamais fait l'unanimité, loin de là. Succédant à un piteux Remember Who You Are, The Path of Totality n'aurait d'abord du être qu'un EP, partant d'un constat simple : le dubstep c'est tendance, ce que KORN n'est plus depuis quasi 10ans, et en plus Davis se la joue DJ sous le nom J-DEVIL. Alors KORN va tenter le coup, qui sait, mélanger les basses fréquences et les tempos d'un genre qui fait fureur à leurs sonorités neo-metal datant d'une autre ère : sur un malentendu, ça peut marcher... Et comme les premiers retours sont bons, The Path of Totality devient donc un album à part entière. Et clairement, KORN a mis le doigt sur quelque chose, retrouvé une efficacité perdue depuis des siècles, une fraîcheur dans leur musique que plus personne n'attendait. On est frappés par le refrain de Get Up!, ou agréablement surpris par des morceaux comme Chaos Lives in Everything et Narcissistic Cannibal, desquels l'identité des californiens transpire à grosses gouttes, tout en étant réinventée. Il nous arrive même de ne plus les reconnaître, alors qu'on croyait les connaitre par coeur, que ce soit sur des mélodies (Bleeding Out), ou le chant de Davis toujours impeccable (Fuels The Comedy, dans les bonus), portant à lui seul des morceaux pas toujours inspirés. Hélas, The Path of Totality est aussi décevant par bien des aspects. Si l'on laisse de coté l'opportunisme de la démarche, difficile de fermer les yeux sur la fadeur de certains morceaux. KORN a beau s'entourer d'une flopée d'artistes du "milieu" (SKRILLEX, EXCISION, etc...), une bonne moitié de l'album semble n'être là que pour faire du remplissage. D'un EP qui aurait pu être excellent, le groupe est passé à un album inégal, fini trop rapidement. Agaçant quand, une fois passé l'enthousiasme de la surprise, on se retrouve à passer la plupart des pistes. La lassitude reprend vite le dessus, et c'est dommage. Derrière un mélange des genres dont on peut questionner l'intégrité, KORN réussit cependant à trouver un second souffle. Ils continueront d'être détestés par ceux qui ne les aimaient déjà pas avant, mais ils ont probablement réussi à lancer une nouvelle mode, pour la deuxième fois de leur carrière. Un bon début, à défaut d'une renaissance artistique flamboyante.