Chronique | Rob Zombie - The Sinister Urge

Pierre Sopor 13 novembre 2001

Rob Zombie continue son bout de chemin solo avec 'Sinister Urge', paru en 2001, et dont le titre est une référence au film d'Ed Wood datant de 1961. La recette ressemble à s'y méprendre à celle du précédent 'Hellbilly Deluxe' : gros riffs accrocheurs, l'efficacité à tout prix. En voulant l'améliorer, le Zombie convie plusieurs invités prestigieux (Danny Lohner, Kerry King, Josh Freese, ou même Ozzy Osbourne qui vient chanter sur 'Iron Head'). Le son change aussi, se voulant tout de même plus varié. Et si le début laisse présager le meilleur (l'intro du meilleur effet sur 'Sinner's, Inc' suivie de 'Demon Speeding' dégage une énergie folle), on ne peut s'empêcher de ressentir une pointe de déception. Certes, c'est plus varié et toujours accrocheur, mais l'ambiance y perd. On est moins dans un délire gore-horreur-parade-bordélique. Pour le coté horreur, Rob Zombie se contente ici de quelques samples de films, et au final l'ambiance est plus festive et typée "cliché de l'Amérique profonde" (rien qu'en jetant un œil à l'artwork dans la pochette). Des titres comme 'Never Gonna Stop' ou 'Feel So Numb' illustre parfaitement cette orientation : on visualise plus des filles en bikini aux couleurs du drapeau des USA et en chapeau de cowboy sur des Harley qu'un cirque de mort-vivants joyeusement crado. Cependant, si la recherche musicale reste plus pauvre qu'au temps de White Zombie, on note une volonté de s'approcher d'un son plus rock, moins metal, moins electro même. Tout d'abord sur 'Road To California', mais surtout sur la géniale 'House of 1000 Corpses', qui, pour le coup, plante une ambiance du tonnerre, infernale, folle, glauque et séduisante. Un album qui se repose sur les bases de 'Hellbilly Deluxe' tout en commençant à poser celles de 'Educated Horses'. Peut être plus abouti musicalement que son prédécesseur, mais au final moins marquant, moins jouissif, car comme le disaient Beavis & Butt-Head, personnages chers à Rob Zombie, "ces groupes comme White Zombie ne sont pas là pour parler à notre cerveau, mais directement à notre cul".