Chronique | Rob Zombie - Hellbilly Deluxe 2

Pierre Sopor 2 février 2010

Ce n'est pas un secret : la carrière musicale de Rob Zombie n'est plus sa priorité depuis quelques années. Alors quand le chanteur reconverti en réalisateur de films d'horreur annonce la sortie d'un 'Hellbilly Deluxe 2', on peut s'interroger : le groupe va-t-il revenir à ses "bases" ou continuer sur le changement plus rock opéré avec 'Educated Horses'? Du premier 'Hellbilly Deluxe', dont il reprend presque la pochette, en plus du titre, on retrouve ici les multiples références et l'ambiance horrifique un peu délaissée lors du précédent opus, qui était plus réaliste et crade, à l'image du film 'The Devil's Rejects'. Rob Zombie sait soigner ses intros, et 'Jesus Frankenstein' ne déroge pas à la règle : ambiance glauque, grosses guitares bien lourdes et pesantes, quelque part entre le grand-guignol et Black Sabbath, cette première piste provoque la montée d'adrénaline attendue, prévisible, mais irrésistible. Cependant, l'aspect electro de Rob Zombie semble clairement avoir disparu pour une musique plus organique, on est donc loin de ses deux premiers albums "solo". Quel dommage que l'enthousiasme provoqué par cette superbe entrée en matière soit rapidement gâché. Car l'album est franchement inégal. La voix du Zombie peut agacer, souvent trop criarde ('Dream Factory'), alors qu'on la préfère tellement plus caverneuse, comme sur l'excellente 'Virgin Witch', à l'ambiance très travaillée aussi. La plupart des compositions sont entrainantes, et si l'album est présenté comme un travail du groupe, on sent l'influence de son leader tout le long, son goût pour les morceaux accrocheurs, simples et efficaces. Et même si la sauce ne prend pas toujours, on retiendra quelques moments mémorables ('Mars Needs Women', monstrueuse), des airs endiablés ('What', 'Werewolf Women of the SS') et une ambiance mi-redneck mi-SF assez plaisante. Plus qu'au premier 'Hellbilly Deluxe', c'est à White Zombie que l'on pense à l'écoute de morceaux comme 'Virgin Witch' ou 'Burn', à la rythmique et au chant saccadé typique. Avec un peu plus de travail, cet album aurait certainement pu être plus accompli et frôler l'excellence, mais on en retiendra surtout quelques moments épiques, quelques rythmiques pachydermiques, quelques riffs par-ci par-là, et le reste laisse sceptique. 'Hellbilly Deluxe 2' alterne entre le très bon (un peu), le moyen (beaucoup) et le franchement indigeste et ne marquera pas autant les mémoires que le premier, ni même ne provoquera une "surprise" comparable à la nouveauté apportée par 'Educated Horses'. Mais il reste un album honnête, venant d'un artiste qui considère peut être la musique comme un passe-temps secondaire désormais mais qui avait envie de se changer les idées et de faire plaisir à ses fans en leur offrant un morceau de viande à grignoter.