Chronique | Rammstein - Mutter

Erīck Wīhr 2 avril 2001

Les conflits entre le groupe et Richard Krupse (guitare) lors de l'écriture de cet album ainsi que les fortes tensions n'ont pas été néfaste à RAMMSTEIN qui nous pond là un album révolutionnant totalement leur son. Celui-ci ouvre les hostilités avec Mein Herz Brennt sonnant un peu comme un Kashmir de LED ZEPPELIN, où Till incarne la voix de la confiance et s'immisce dans les rêves paisibles des enfants pour y glisser des sueurs froides. Ce thème se répercutera dans tout l'album où se confronteront les angoisses et l'innocence des enfants, à la corruption et le vice des adultes. C'est ce qui a enfanté le morceau Mutter , un enfant in vitro, sans mère pour le consoler et qui grandi dans un monde sauvage qu'il ne comprends pas. On ressent dès lors une confusion totale et un chaos dans l'esprit de l'album, où l'enfant trouvera plus plaisante la solitude de son cercueil avec Spieluhr, perdra totalement son identité sexuelle dans Zwitter et cherchera désespérément sa crèche dans le titre Nebel. Le reste de l'album jouit d'un étonnant sarcasme. Links 234 crétinise les idéaux politiques et Rein Raus la sexualité. Ich Will est une mise en scène du caprice. Sonne est une sorte d'apologie du sexe féminin. Dans le clip de la chanson le groupe jouera les nains d'une sublime Blanche Neige qui se shoot à l'or. Globalement l'album garde l'atmosphère tragique de Sehnsucht, mais avec un son beaucoup moins sec et électrique. Il est tapissé de mélodies tout à fait enchanteresses de toute beauté surfant parfois dans des sonorités plutôt darkwave. Pourtant et contrairement aux précédents albums, il ne rencontrera pas un franc succès à sa sortie outre-atlantique malgré l'apparition du groupe dans le film à grand public XxX où il interprète Feuer Frei dans une église de Prague.