Chronique | Light of the Morning Star - Charnel Noir

Pierre Sopor 20 décembre 2021

LIGHT OF THE MORNING STAR, c'est le vampirisme, la nécromancie, et l'adoration du Diable. LIGHT OF THE MORNING STAR, c'est un rituel d'invocation impie. Pas de doute, le projet a le sens de la formule et sait se vendre. Quatre ans après Nocta, un premier album sépulcral, les Anglais ressortent de leur crypte avec Charnel Noir, nouvelle collection de neuf morceaux mélangeant influences deathrock, metal gothique, doom et black metal.

Une voix grave et claire, des chuchotements, une inquiétante réverbération et des guitares lancées à toute allure : Charnel Noir commence fort et nous évoque THE VISION BLEAK, en moins grandiloquent et en plus sépulcral. LIGHT OF THE MORNING STAR a beau blasphémer et traîner une odeur de tombeau, le groupe associe la plus grande noirceur à une élégance et une séduction qui sont l'essence même du gothique. Il y a de la beauté dans le macabre, la laideur, l'abysse et le parfum nocturne qui se dégage de l'album est enivrant, les refrains accrocheurs n'y étant pas pour rien (Our Night Hours, There Are Many Shadows, Spectres, délicieuse, lugubre et glaciale).

Dans la froideur de la nuit, LIGHT OF THE MORNING STAR s'inspire du rock gothique des années 80 (Ghost Moon) et y ajoutant une lourdeur doom et des riffs infernaux venus du black metal dont le groupe garde les inquiétantes brumes pour installer ses ambiances démoniaques (Fangs in the Tree of Life). Charnel Noir sonne d'ailleurs plus rock que Nocta et perd peut-être un poil en intensité, mais gagne en atmosphère. Les esprits taquins ricaneront peut-être le temps de Lid of a Casket où, langue française obligé, on a l'impression d'écouter un truc super sombre parlant de casquette plutôt que de cercueil, mais pour le reste l'humeur lugubre se prête à merveille à une écoute à la lueur des bougies, dans sa cave.

Charnel Noir est un condensé de nuit noire et froide qui va chercher son obscurité dans plusieurs genres pour créer un ensemble fantomatique, ésotérique et séduisant. Pas de distanciation ou de second degré ici, et c'est tant mieux. Alors que de nombreux groupes ont tendance à regarder dans le rétroviseur pour renouer avec les plaisirs glacés du rock gothique des années 80, LIGHT OF THE MORNING STAR propose un alliance moderne et cohérente avec le metal extrême. Le résultat est à la hauteur des ambitions : plus noir qu'une nuit sans lune, mais d'une réelle beauté.