Chronique | Under All - Out of Control

Pierre Sopor 28 juin 2019

UNDER ALL, le groupe de metal industriel fondé par Stéphane "Tonton Togk" Moine, est de retour. Out of Control succède à Hide, premier album sorti en 2014 qui nous permettait de découvrir un son lourd et violent étoffé d'influences horrifiques. La recette fonctionne et, rassurez-vous, n'a pas été chamboulée plus que ça.

UNDER ALL plante le décor immédiatement : gros riffs, grosse prod, chant guttural (Togk est plus connu pour brailler dans son mégaphone que pour ses comptines), This Fucking End en impose dans le genre pachyderme à la TREPONEM PAL, MINISTRY, voire STATIC-X. Pourtant, le morceau dégage aussi une émotion certaine, presque surprenante. Out of Control a beau être brutal, il n'en est pas moins un album humain. On est d'ailleurs sur le cul le temps de Painful, morceau déprimant au piano la plupart du temps et son solo de guitare poignant, aux antipodes de ce que l'on connaît de UNDER ALL : on découvre un titre sensible et introspectif étrangement touchant et d'une grâce certaine. Mentionnons également The Last Man Standing, avec ses composantes orchestrales, un chant qui s'éclaircit et à nouveau une guitare très expressive. D'ailleurs, puisqu'il est question de guitares, on est aussi cueillis par l'intro de The Long Road, proche du heavy. Plus sinistre, 08 C2952 H4664 O832 N812 S8 Fe4 se permet aussi de ralentir le tempo, tout comme cet inquiétant final sur First Contact With Mr K à laquelle un travail de sound design donne un aspect narratif. 

Out of Control est aussi un album très théâtrale. D'un côté, il y a Togk, bonimenteur grotesque et ses borborygmes distordus qui en fait des tonnes et de l'autre il y a ces ambiances sinistres installées par des nappes de synthé ou des samples divers. On a le droit, parfois, de penser à du ROB ZOMBIE en plus méchant (la rageuse The Plague, avec un chant qui parfois vire au strident façon black metal, est un bon exemple), plus industriel (Pieces of Me et sa rythmique martelée autoritaire). Et puis il y a des guests qui viennent apporter un autre souffle au disque. Cannibal, avec le rappeur PIRE MASTAA, est d'une énergie irrésistible, Togk se réservant des refrains sur lesquels il se la joue mi-ogre, mi-Wayne Static. Enfin, il y a Don't Feed the Troll avec l'énergumène LOKI LONESTAR, dont le label TW est d'ailleurs derrière Out of Control : étrangement discret, il apporte néanmoins une bonne louche d'exubérance avec ses cris hauts perchés.

Si l'on craignait au début un album peut-être répétitif, Out of Control a l'intelligence de varier les rythmes et les saveurs pour nous surprendre. Les musiciens d'UNDER ALL prouvent qu'ils peuvent être lourds sans être indigestes, parfois bourrins sans être patauds ou dénués d'âme pour autant. Amateurs de metal industriel sous testostérone et de guitares bien grasses, vous y trouverez votre bonheur et même peut-être un peu plus.