Chronique | Ohgr - Undeveloped

Pierre Sopor 10 mai 2011

Alors que le nouvel album de SKINNY PUPPY semble victime de la même malédiction que Chinese Democracy des GUNS'N'ROSES et continue d'être repoussé depuis plus de deux ans, Nivek Ogre nous présente le successeur du génial Devils In My Details. Ce dernier album d'ohGr avait surpris par ses compositions tortueuses rappelant soudainement plus le travail de Cevin Key pour SKINNY PUPPY que l'electro pop de Welt ou SunnyPsyOp. Afin de redéfinir la frontière entre les deux, Undeveloped est de nouveau moins barré et un chouïa plus linéaire que son sublime prédécesseur. On pense toujours à SKINNY PUPPY ici et là, comme avec la rythmique de 101 et ses airs d'Assimilate (Undeveloped est peut-être le résultat de travaux inaboutis par le groupe canadien), on retrouve l'electro pop de SynnyPsyOp et quelques touches hip-hop. Commençant à un rythme élevé, Undeveloped est très accrocheur et rentre-dedans dans sa première partie, à l'image des guitares venant alourdir le son sur Crash. Après Pissage, les mélodies prennent le dessus et le ton devient plus mélancolique (ScrewMe, Animist) ou faussement lumineux (Bellew, ou encore le refrain de TraGek). Nettement moins froid que Devils In My Details, on approche des pics d'émotion provoqués par certains des travaux récents de SKINNY PUPPY, comme EmpTe par exemple (sur Comedown, notamment). Néanmoins, Undeveloped est un bon album d'electro pop sombre, la voix de Nivek reste aussi magique, folle, malsaine et entraînante, nous invitant à visiter son univers psychédélique et bien tordu derrière une couche de sucre empoisonnée. Moins impressionnant que l'expérience mystique qu'était son précédent album, il permet à ohGr de retrouver son identité et de reprendre ses distances avec le son de SKINNY PUPPY en redonnant aux mélodies leur importance, et d'être diablement séduisant.