Chronique | Not My God - Simulacra

Pierre Sopor 7 octobre 2021

NOT MY GOD, le duo formé par Tim Sköld et Nero Bellum (PSYCLON NINE) n'a pas chômé et est déjà de retour après un premier album éponyme sorti un an et demi plus tôt. Entre temps, SKOLD sortait également Dies Irae et Nero approfondissait ses expérimentations improvisées en solo histoire de ne pas perdre la main.

La recette n'a, en apparence, pas changé : NOT MY GOD, c'est toujours Sköld au chant et Nero Bellum qui triture ses synthés modulaires fantomatiques pour un résultat relativement dépouillé où les atmosphères sinistres sont privilégiées à la surenchère et aux guitares tapageuses de leurs autres travaux respectifs. Une sobriété et une efficacité redoutable qui étaient aussi les limites d'un premier album peut-être un peu trop uniforme. Pourtant, l'élégance de l'ensemble garde un pouvoir de séduction certain qui opère à nouveau dès les premières secondes de Simulacra. Nero nous entraîne dans un cauchemar futuriste à grand renfort de pulsations hypnotiques et de nappes mystérieuses sur In Service of the Wolf et Sköld, plus expressif que d'habitude, insuffle via sa voix une mélancolie toute particulière.

Très vite, Simulacra subit ses premières secousses. Entre la menace difficilement contenue de Crisis qui explose le temps de quelques paroles crachées avec rage et Ashes, superbe plage hallucinée d'une beauté déviante saisissante (le clip est magnifique), l'album commence très fort. On sent que quelque chose de sombre et dangereux rôde sous la surface et ne demande qu'à déchirer le voile qui nous protège pour s'en prendre à nous, le tout dans un climat poétique de fin du monde. Les deux artistes ont rarement composé quelque chose d'aussi poignant et terrifiant, tout en retenue.

Il arrive pourtant que NOT MY GOD laisse échapper un peu de vapeur, nous offrant quelques envolées cathartiques (les refrains entêtants de The Underneath et surtout la violence frontale des explosions hargneuses de Mirage Mirage et 21 Grams). En plus de ces émotions plus variées, Simulacra explore aussi des voies diverses : trip-hop funèbre, dark-ambient (Rebis, ou ce superbe final incroyablement lugubre We Don't Leave our Dead Behind), witch-house (Abyssus), dark-electro... Une créativité qui fait plaisir à entendre et évite les redites.

Avec ce deuxième album, NOT MY GOD a poussé la formule d'origine pour explorer de nouvelles pistes, sans trahir son parti-pris d'origine. Simulacra exprime le plein potentiel du projet : plus varié et plus fort que son prédécesseur, il est une plongée dans un cauchemar synthétique distingué et hanté et, n'ayons pas peur des mots, un des tout meilleurs albums sur lequel les deux musiciens aient travaillé.