Chronique | Ftanng - ... And No One Seemed to Care ...

Pierre Sopor 14 avril 2020

L'avenir s'annonçait radieux pour FTANNG : après une dizaine d'années d'existence marquée par des singles épars et remixes occasionnels, le duo formé par Dorian Deveraux (ex-JESUS ON EXTASY) et Peter Vignold (qui a travaillé notamment avec PZYCHOBITCH), les stades du monde entier les attendaient. Sur le point de signer avec une major et de gagner des millions, les plans de FTANNG se sont retrouvés tout chambouler quand le monde s'est retrouvé confiné. Mince alors. Les artistes sont connus pour ne pas avoir besoin de se nourrir, ils ont décidé de finalement mettre en ligne par eux-mêmes, sans major, sans stade, leur premier album. Une belle histoire 100% véridique, on n'aurait d'ailleurs aucune raison de douter de leur parole avec un disque sorti le 1er avril...

Groupe de rock industriel, FTANNG ne cache pas ses influences : ce petit groove dès Betray et cette voix en retrait qui répète d'un air névrosé et obsessionnel un jovial "I hate myself so much right now" repris en chœur avant que l'électronique ne se déglingue... L'ombre de NINE INCH NAILS période The Fragile, voire With Teeth, se fait sentir. FTANNG développe en effet un univers similaire avec son rock électronique accessible et accrocheur porté par les émotions (négatives, évidemment) des artistes derrière. Le duo fait preuve d'un réel savoir-faire pour pondre du hit accrocheur (Some Distant Dream) mais aussi laisser des atmosphères mélancoliques s'installer comme sur King of my World et son piano hanté laissant place à des dissonances anxiogènes, ou encore le morceau-titre, instrumentale douce-amère ou les sonorités organiques se mélangent aux machines pour un résultat intemporel et finalement très humain.

C'est au final cette humanité que l'on retient de ce premier album et qui mène la danse tout au long de l'album. On aurait peut-être aimé que FTANNG se lâche parfois un peu plus, la rage que l'on devine étant souvent contenue, mais c'est justement dans cet équilibre et cette retenue que le duo trouve la grâce. Il aura fallu dix ans a ...And no One Seemed to Care... pour enfin voir le jour, on espère que maintenant qu'ils ont leurs repères, les deux artistes derrière FTANNG ne mettront pas une nouvelle décennie à confirmer nos espoirs avec de nouveaux titres puisque visiblement, leurs âmes ne seront pas corrompues de si tôt par une quelconque major !