Kælan Mikla + Some Ember @ Le Black Star - Paris (75) - 15 février 2019

Live Report | Kælan Mikla + Some Ember @ Le Black Star - Paris (75) - 15 février 2019

Pierre Sopor 16 février 2019 Pierre Sopor

En très peu de temps, KÆLAN MIKLA est devenu un groupe incontournable pour les amateurs de musiques sombres et froides, allant de la darkwave au post-punk. Les trois Islandaises avaient fait forte impression lors de leur dernier passage à Paris en première partie de KING DUDE (report) et il était hors de question de rater leur retour, organisé par Voulez-Vous Danser et sa programmation toujours attrayante. La soirée avait lieu au Black Star, petit club incongru et étrangement anachronique malgré une déco très propre et moderne, où s'est entassé un public hétéroclite où l'on trouvait pêle-même des looks goths, des gens à l'air tout à fait normal qui semblaient sortir du boulot et les traditionnels pervers bizarres aux regards inquiétants. C'est SOME EMBER qui ouvrait le bal sous le plafond bas du Black Star et ses surprenantes propriétés réfléchissantes.

SOME EMBER

SOME EMBER, qui accompagne KÆLAN MIKLA sur toute la tournée, est incarné sur scène par un seul homme, Dylan Travis, bien que d'autres artistes aient participé au projet. Un troisième album, Submerging the Sun, était sorti fin 2018, suivi le mois dernier d'un EP de complément, Submerged qui occupe une bonne partie de sa setlist. Se produisant devant un écran qui diffuse des images en noir et blanc de bâtiments, d'arbres morts ou des dessins de fleur, Dylan Travis propose une musique sombre, funèbre même. Son chant est une longue plainte, dont l'impact est renforcé par son allure de créature échappée d'un roman gothique avec laquelle tranche radicalement sa tenue brillante totalement décalée. Eulogie d'un peu moins d'une heure, sa performance intrigue au début et, peu à peu, s'empare d'un public fasciné. Rien ne vient troubler la mine renfrognée de Travis, si ce n'est un petit couac technique vers la fin du set qui lui arrache un sourire. Esthétiquement, la bonne surprise vient de ce plafond qui, en reflétant ce qui se passe sur scène, donne des effets miroirs inattendus. Le dernier titre joué, Peace of Mind, se démarquait du reste du set avec ses sonorités plus agressives et industrielles et vient conclure le show sur une note plus rentre-dedans. Mélancolique et torturée, la musique de SOME EMBER est aussi séduisante et la performance proposait une parenthèse à la fois introspective et perchée, parfaite entrée en matière pour cette soirée.

Setlist : 
01. Intro
02. Face of Sand
03. Sick in the Garden
04. Final Wish
05. Revealed
06. Submerged
07. Flowers Open
08. Peace of Mind

KÆLAN MIKLA

Quand KÆLAN MIKLA monte sur scène, la foule présente s'est agglutinée devant la scène. La température a triplé et il est devenu totalement impossible de circuler ou même de respirer. Avant que le show ne démarre, Sólveig Matthildur demande à ce que l'on coupe les spots dirigés vers la scène. C'est dans la pénombre qu'aura lieu le rituel, tant mieux pour l'ambiance et tant pis pour les photos. Car au-delà d'un concert, la performance de KÆLAN MIKLA prend des allures mystiques. Les sorcières vont par trois, on le sait, et le bâtonnet d'encens brandi par la chanteuse Laufey Soffía sur Nornalagið en début de concert en remet une couche sur l'aspect irréel du show. La musique des Islandaises est froide et minimaliste, mais aussi imprégnée d'une énergie parfois très punk, qui éclate par exemple lors de la célèbre Kalt et les cris stridents de Soffía, transformée en banshee pour l'occasion. Sur scène, KÆLAN MIKLA gagne une ampleur nouvelle grâce à son show aux airs de sortilège, alors que les trois silhouettes se découpent devant un écran blafard, mais aussi grâce à la basse de Margrét Rósa au son très présent et qui renforce le côté organique. Jouée vers la fin du concert, Nótt Eftir Nótt est un des grands moments de la soirée avec son ambiance fantômatique et ses lamentations hantées. Après une bonne heure, les lumières se rallument et la soirée touche à sa fin. Le retour à la réalité est violent, surtout qu'il faut désormais retrouver les alentours enfumés et bruyants de la rue de la Roquette. On serait bien restés encore un peu dans l'ambiance magique de la soirée et ses pénombres aussi accueillantes qu'inquiétantes où l'on ne voyait peut-être pas grand chose mais l'on a beaucoup vécu. Merci à Voulez-Vous Danser d'avoir organisé tout ça et à Xavier pour l'accred photo.

Setlist :
01. Intro
02. Nornalagið
03. Óráð
04. Draumadís
05. Kalt
06. Næturblóm
07. Skuggadans
08. Upphaf
09. Hvernig Kemst ég Up
10. Ándvaka
11. Nótt eftir nótt
12. Outro
13. Glimmer og Aska