FauxX + Locomuerte @ Péniche Metaxu - Pantin (93) - 3 février 2023

Live Report | FauxX + Locomuerte @ Péniche Metaxu - Pantin (93) - 3 février 2023

Pierre Sopor 7 février 2023 Pierre Sopor

Au risque de radoter, le premier album de FAUXX paru en 2021 (chronique) était une petite bombe de noirceur industrielle et un des meilleurs apports récents au genre que l'on ait pu écouter. Si retrouver le groupe sur l'immense Main Stage du Hellfest l'été dernier faisait forcément plaisir, on se disait aussi que ces proportions immenses sous un soleil matinal ne rendaient pas tout à fait justice à l'univers du duo. L'occasion se présente enfin : une péniche à Pantin un soir de février. Parfait. La première partie est assurée par LOCOMUERTE, un groupe de thrash / hardcore qui se déhanche loin de nos terrains habituels, tant mieux, va pour la découverte. 

LOCOMUERTE

Avec leurs bandanas sur le front, les quatre zozos de LOCOMUERTE semblent tout droit sortis d'un film de Robert Rodriguez : ça grimace, ça prend la pause, ça cause espagnol, ça roule des mécaniques, bref, on récupère toute l'imagerie chicano pour se donner un air cool et on envoie la sauve avec bonne humeur. Rapidement, on réalise qu'aucun enregistrement studio ne rend vraiment justice à la musique de LOCOMUERTE : ces types là sont faits pour être vus sur scène, même là, face à un public assez peu nombreux, c'est la grosse fiesta et leur énergie est immédiatement communicative. "Vous voulez apprendre des gros mots en espagnol ?" demande Nico, le bassiste. Putain, ouais. Et puis voilà, il n'en faut pas plus pour que ça tourne au n'importe quoi. On y découvre le "boat of death", c'est quand tout le monde court dans le même sens d'un mu à l'autre pour faire tanguer le bateau, parce que bon les wall of death parfois ça marche pas, notamment "avec un public de glameux, ils ont rien compris ils sont restés collés aux murs". Y'avait même un gars dans le public qui se mettait sur la tête tout le temps, va savoir pourquoi. Il l'a fait pendant que le groupe prenait une photo en fin de set, mais vu qu'il était au fond, ça doit pas trop se voir sur la photo. Y'aura peut-être un pied qui dépasse entre deux têtes. Quel bordel, madre de dios. Ca, c'était rigolo !

FAUXX

Changement de groupe, changement d'ambiance. Faut dire qu'à la base, on n'était pas venus pour rigoler. FAUXX ne fait pas dans le fun, ni dans le jovial. Si cette fois-ci les dimensions des lieux ne permettent pas aux deux musiciens d'installer leur écran, ils profitent néanmoins de lumières dignes de ce nom et surtout de ténèbres bien épaisses. Souvent étiquetté "metal industriel", FAUXX joue pourtant sans guitares, mais la lourdeur et la violence du son évoque effectivement parfois des musiques extrêmes, du doom au black. La frappe de malade de Job, aussi cogneur chez TAGADA JONES (et accessoirement très expressifs derrière ses fûts, on garde de côté une collection de mimiques impayables pour le faire chanter à l'occasion) et les hurlements de Jok derrière ses machines sont sans pitié. L'univers est à la fois futuriste, dystopique et halluciné et on pense aussi à SKINNY PUPPY sous stéroïdes. De la lourdeur, de la rancoeur, de la méchanceté : la musique de FAUXX n'est pas là pour panser nos plaie, ni nous rassurer, même si quelques nappes donnent par moment un côté plus contemplatif et quasi cinématographique. On se fait secouer et chambouler. Pour le ludique, il faudra passer au stand de merch et apprécier leurs détournements de marques ("Don't do it" proclame un tee shirt). Au final, avec cette double affiche éclectique, la soirée était parfaite : on a pu évacuer toutes nos ondes positives avant de sacrément faire la gueule dans le noir, et même si on regrette un peu qu'il n'y ait pas eu plus de monde ça confirme deux choses : on est bien mieux en petit comité, et les autres méritaient de toute façon pas d'être là. Et toc.