LAIBACH vous séduit avec son gros canon

Pierre Sopor 30 juillet 2025

On ne croise jamais Laibach deux fois au même endroit, mais c'est toujours avec plaisir. Cette année, le groupe slovène a déjà revisité son célèbre album Opus Dei (chronique) et livré le très sérieux et conceptuel Alamut (chronique). Cette fois-ci, c'est sous des airs de fausse décontraction et toujours armé d'une ironie acérée qu'on les retrouve.

C'est en compagnie du groupe de rock des années 70 Bijelo Dugme, considéré comme le groupe le plus populaire ayant jamais existé en ex-Yougoslavie, que Laibach signe Die Kanone, un hymne martial accompagné de riffs de guitares que vous pouvez découvrir plus bas. Die Kanone est une réinvention de Top, un morceau de Bijelo Dugme, et l'idée de cette collaboration vient de Goran Bregović, membre fondateur et compositeur principal du groupe mais également composuteur pour le cinéma (notamment des films d'Emir Kusturica, comme Underground, le Temps des Gitans et Arizona Dream). Il marque les cinquante ans de Bijelo Dugme.

Laibach explique que dans l'identité et la mythologie des Balkans, les armes sont souvent utilisées comme substitut de la "masculinité", ce dont s'amuse Die Kanone puisqu'il y est question d'un personnage utilisant son canon pour attirer à lui l'objet de ses désires. Le morceau, traduit en allemand, parle de l'identité, de la diaspora d'ex-Yougoslavie et de militarisme tout en mettant en lumière l'actuel mouvement de l'Allemagne de l'industrie automobile vers l'armement. La Coccinelle Volswagen détournée sur la pochette du single a d'ailleurs longtemps été vue comme un symbole de l'Allemagne... mais était fièrement fabriqué à Sarajevo, en ex-Yougoslavie.

Pas de doute, du Laibach tout craché. Pour écouter :