Chronique | Wumpscut - Fuckit

Pierre Sopor 7 avril 2009

Malgré une baisse de qualité flagrante de ses derniers albums, Rudy Ratzinger continue sur le même rythme d'une sortie par an. Après un 'Schaedling' catastrophique, ce 'Fuckit', forcément, suscite plus une attente sceptique que fébrile. L'esthétique soviétique pourrait laisser supposer un album concept autour de l'URSS, mais il n'en est rien : Wumpscut garde le même ton. Les humains sont donc tous des parasites, Ratzinger parle de haine, de souffrance, de mort et de sang. D'après les interviews récentes il semblerait que sa haine de l'humanité provienne du téléchargement illégal de sa musique. On est donc loin d'une réflexion profonde sur la nature humaine, mais au moins sa mauvaise humeur parait sincère. Et si 'Fuckit' s'ouvre sur un sample cherchant à nous convaincre du coté maléfique de son auteur, la suite est tout de même plus enthousiasmante. 'The Boo' distille une ambiance sombre, menaçante, quelque chose de sinistre et de bien plaisant à entendre finalement. Sur 'Fuckit', le rythme s'accélère, et si le fond electro n'a rien de très "dark", le chant agressif et quasi frénétique donne au titre son intérêt. Dommage que l'ensemble faiblisse, peut être par sa prévisibilité, sa répétition, son manque de punch, ou notre propre lassitude. On passe du deja vu et revu ('Autophagy Day', qui 'écoute d'une oreille inattentive) au quasi comique ('Broken', évoquant plus un cirque kitch qu'autre chose). Alors si 'Fuckit' résiste mal à une écoute attentive et critique, il contient tout de même quelques éléments pas déplaisant du tout, comme encore 'Bloodbathing Tub', très loin de l'electro dark chaotique de Wumpscut, mais qui aurait pu devenir un titre génial si Ratzinger jouait plus avec le second degré. Car a toujours vouloir avoir l'air très méchant, toujours vouloir sortir les griffes et les crocs, on perd sa crédibilité. Et c'est ce qui manque cruellement à 'Fuckit' : de la crédibilité et du mordant. On ne peut pas dire que c'est totalement mauvais, mais surement pas que c'est bon. Un énième album qu'apprécieront surement les acharnés irréductibles ou les moins difficiles.