Chronique | Velvet Acid Christ - Ora Oblivionis

Pierre Sopor 8 août 2019

VELVET ACID CHRIST n'est jamais bien loin. Increvable, le projet de Bryan Erickson abreuve depuis trois décennies les amateurs de musiques électroniques et industrielles de sorties régulières, aussi bien dans leur fréquence qu'en qualité. Bien que l'artiste ait exprimé de nombreuses fois ses incertitudes concernant l'avenir de son projet en raison des difficultés que les musiciens connaissent pour faire vivre leur oeuvre, Ora Oblivionis sort quand même, quatre ans après Subconscious Landscapes et toujours sur le label Metropolis qui l'accompagne depuis bientôt 20 ans.

Si VELVET ACID CHRIST passe probablement après SKINNY PUPPY ou FRONTLINE ASSEMBLY dans le cœur du public, chaque album est pourtant la garantie d'un travail honnête, bien fait. Erickson va droit au but et connaît ses forces et celles-ci sont flagrantes dès le début : les hits electro-indus en puissance s'enchaînent, avec toujours ce talent pour la mélodie simple mais marquante (Adventures In Babysitting The Antichrist, The Bullet Wins). Le rythme est soutenu, l'atmosphère anxiogène créée grâce à quelque samples et claviers fonctionne, la voix d'Erickson suinte de menace contenue. Le dispositif est d'une simplicité quasi minimaliste, VELVET ACID CHRIST ne s'encombre pas de dizaines de couches et d'effets mais va droit à l'essentiel, et réussit à instaurer un univers malsain et parfois psychédélique sans recourir au théâtral ou au grotesque.

The Colors of My Sadness marque la première pause de l'album avec sa mélodie plus mélancolique (Pill Box, plus tard, proposera une respiration nettement plus glauque), mais surtout illustre la variété d'un album qui a le mérite de ne jamais ennuyer. Ora Oblivionis varie les plaisirs, entre influences trip-hop, dark electro et même metal industriel. Ainsi, quelques riffs viennent durcir Twist the Knife (Erickson s'amuse toujours autant avec ses couteaux, nous voilà rassurés) et Wrack alors qu'une batterie donne à Romero une lourdeur adaptée à son ambiance horrifique qui contraste avec le chant plus léger de Dianna Recalde. VELVET ACID CHRIST ne se répète pas et nous réserve quelques moments plus ambiants, plus planants (Conjuro, Not of This Earth) histoire de s'assurer que les douze pistes que composent l'album passent sans lasser.

Ora Oblivionis est un album généreux et abouti sur lequel Bryan Erickson continue d'approfondir son travail. VELVET ACID CHRIST ne se réinvente pas mais continue sa route en faisant preuve de la même constance dans son art : c'est du travail bien fait, d'une simplicité parfois surprenante, toujours pertinent et juste et qui continue de s'affiner au fil des années.