Chronique | Sidilarsen - Machine Rouge

Pierre Sopor 10 octobre 2011

En général, avec SIDILARSEN, on sait à quoi s'attendre. Cela fait désormais quatre albums que le groupe français nous sert de son dance metal, mélange electro-neo-metal bourrin, efficace et festif. Et dès Le Meilleur est à Venir, on se sent en terrain connu : gros riffs, refrains beuglés qui vont rester en tête toute la journée, et surtout des paroles en français au style reconnaissable entre mille. On connait, certes, mais c'est mieux qu'avant. Peut être grâce à cette petite intro permettant de faire monter un peu de tension, ou à une production mettant vraiment en valeur le son de SIDILARSEN, qui prend une nouvelle dimension. Impression confirmée sur Back To Basics, rythme frénétique, chant féminin en anglais pour le refrain, SIDILARSEN ne fait pas dans la finesse, mais a gagné en relief depuis le précédent Une Nuit Pour Sept Jours. Le chant est aussi plus travaillé, on est loin des beuglements trop abrupts de l'époque de Eau. Le groupe s'essaye à de nouvelles choses, donnant à sa musique un aspect plus mélancolique sur des titres plus lents comme À ton Ego. Même les paroles, parfois caricaturales et alambiquées (peut être à cause du choix courageux de la langue française, assez inhabituel dans le genre), sonnent mieux ici. Sur Offensifs, SIDILARSEN profite de la résurrection récente de ZEBDA pour en inviter deux membres, et malgré la différence de style, les deux groupes partagent le même engagement social, le même militantisme omni-présent dans leurs textes. Musicalement, les toulousains franchissent un cap avec Fantasia, qui malgré un couplet très martial contient une charge émotionnelle rare chez eux le temps d'un refrain particulièrement riche musicalement. SIDILARSEN semble en effet accorder sur Machine Rouge un intérêt plus marqué pour les mélodies recherchées. Le groupe prône la diversité, la variété, aussi bien musicale (Absolu sonne très fusion rap-metal-indus) que culturelle (Densité), sans oublier de nous massacrer les tympans régulièrement (Paradis Perdu, plus techno). De la musique de petits jeunes, quoi, pour pogoter et sauter partout une bière à la main, mais avec un message humain (la Machine Rouge en question, c'est ce truc qui bat dans nos poitrines). Peut être un peu naïf, mais rafraîchissant, assumé et crédible. Avec une énergie folle tout le long, SIDILARSEN signe son meilleur album, le plus riche, le plus varié, le plus profond musicalement. Et même si tout n'est pas parfait (les textes restent souvent surréalistes, et les morceaux plus lents ne sont pas les plus affolants...), le résultat est rageur, séduisant, catchy et entêtant.