Chronique | Shaârghot - Vol. 1

Pierre Sopor 6 janvier 2016

Le voilà enfin ! Si le Shaârghot ne s'approprie les scènes de concert que depuis quelques mois, le premier EP commençait à dater... Deux ans que l'on attendait ce fichu disque, deux ans qu'on le réclamait, deux ans que le Shaârghot s'efforçait de ne pas nous dévorer les yeux quand on lui demandait une date de sortie. Si ce n'est pas déjà fait, il serait peut-être grand temps de se mettre à SHAÂRGHOT. Comme ça, dans un an ou deux, quand le groupe sera devenu riche et célèbre, vous pourrez être ce type ou cette fille agaçant(e) qui dit la pipe au bec "moi, j'écoutais SHAÂRGHOT avant qu'ils soient mainstream". Si les bons groupes français faisant de l'indus ne manquent pas, SHAÂRGHOT vient directement se placer aux côtés de PUNISH YOURSELF dans le genre raz-de-marée, en associant une musique accrocheuse dès la première écoute, un univers visuel fort, une énergie folle et des putain de concerts. Pas la peine d'intellectualiser le truc plus que ça, on est convaincu dès les premières secondes de l'album par la puissance du morceau Shaârghot : la preuve qu'en France on sait faire du gros metal industriel bien lourd à la RAMMSTEIN, mais en plus crade, plus punk... bref, mieux. Sobrement intitulé Vol. 1, le disque enchaîne les tueries : dès son premier album, SHAÂRGHOT nous pond un truc qui pourrait être le best-of d'un groupe avec 20 ans de bouteille. Chose assez rare pour être signalée, niveau percussions, ça cogne pour de vrai, et on pense souvent au son de batterie typique bien crade de MINISTRY à l'époque où MINISTRY c'était bien (flagrant sur Azerty ou surtout Mad Party). Mais ce qui nous marque dans l'identité de SHAÂRGHOT, au-delà du visuel (le groupe joue recouvert d'une substance noire), de l'univers SF, des riffs et des refrains qui restent en tête toute la semaine, ce sont ces petites mélodies aiguës, ces notes de synthés à la HOCICO ou SUICIDE COMMANDO, à la fois décalée, glaçante et entraînante (Uman Iz Jaws). Il y a aussi ces morceaux plus sombres, ceux qui dégagent toute l'amertume et le désespoir d'une créature venue d'un monde post-apocalyptique, comme Clock's Waltz ou même le refrain de We Are Alive. Ces titres donnent à l'album une force, une richesse et un souffle inattendu qui projettent ce Vol. 1 loin, très loin au-dessus de 99% des productions metal indus qu'on a l'habitude d'entendre. Bien plus original qu'on pourrait le croire, ce premier album est le fruit d'un travail évident, où chaque écoute révèle de nouvelles sonorités, dévoilant ses richesses petit à petit. Le Shaârghot a su réunir ses influences, les mettre dans un grand sac, en faire du pâté à grand coup de batte pour mieux les digérer, se les approprier pour nous les recracher en pleine gueule. On n'avait pas entendu une tuerie pareille depuis un moment, un truc à la fois puissant et fun, avec en plus un univers solide derrière. Et qui soit totalement dément en live. Bref. Si on n'avait pas peur d'énerver la bestiole, on lui demanderait bien quand sort la suite !