Chronique | PIG - Pain is God

Pierre Sopor 16 novembre 2020

Pour suivre Raymond Watts, il faut s'accrocher. On le retrouve par-ci, par-là, on perd sa trace, on la retrouve au Japon (avec BUCK-TICK, notamment) ou sur un album de reprises (Candy, en 2019). Il a collaboré avec KMFDM, FOETUS, CUBANATE, EINSTÜRZENDE NEUBAUTEN, TWEAKER ou encore PRONG et mis PIG en pause parfois pendant de longues années. Ces temps-ci, il est hyperactif : qui s'en plaindra ?

Ces dernières années, Watts sort grosso-modo un album par an, sans compter les remixes, après dix ans de silence. Profitons-en tant que ça dure... On le retrouve donc avec ce Pain is God (vous avez saisi les initiales, évidemment) et son artwork sur lequel il se la joue Jeff Goldblum maléfique. Le morceau titre qui ouvre l'album rassure tout de suite : c'est toujours très bon. Le rock industriel de Watts n'a rien perdu de son excentricité ni de son groove, ça rentre dans le lard (humour), il en fait des caisses dans le registre crooner taré et menaçant et les chœurs sur les refrains sont jouissifs. Watts s'éclate, c'est flagrant, dans le Pain is God tout est bon et ce ne sont pas les nostalgiques de Nihil de KMFDM qui diront le contraire.

On est surtout rassurés de le voir revenir à ce rock industriel bien plus fun que ses reprises un tantinet chiantes, disons-le. Il vocifère et minaude alors que les hits s'enchaînent : l'imparable Rock'n'Roll Refugee, Badland avec ses cuivres en roue libre et son piano, Kickin Ass, sorte de relecture indus de We Care a Lot de FAITH NO MORE... Watts nous gâte. Mais la richesse de PIG, au-delà de ses riffs catchy, vient d'orchestrations inattendues qui donnent aux morceaux des tonalités épiques, exotiques et théâtrales (The Wages of Sin, Confession (The Sacrificial Mix), Suffer no More qui conclut en apothéose) et confèrent à ce supplément de décalage et de démesure si savoureux, un trait flagrant depuis The Gospel (2016) et toujours plus mis en avant.

Avec Pain is God, on est en terrain connu : la recette n'évolue pas plus que ça et Watts se la joue toujours prêtre décadent, porc saint amateur de jeu de mots cochons. Ça n'enlève rien à la qualité de l'ensemble, fun et séduisant de bout en bout, Pain is God est une nouvelle définition du cool. Alors allons-y, tous en chœur : Spin the Pig !