Chronique | Otep - Atavist

Pierre Sopor 26 avril 2011

On pensait Otep sur la pente déclinante, après le mollasson 'Smash The Control Machine'. On pensait perdue la folie et la rage qui permettait à Otep de se démarquer du neo metal, genre moribond dans lequel on a souvent classé le groupe californien. Mais alors qu'est ce qu'on entend sur 'Atavist' si ce n'est justement cette rage, cette haine des premiers albums? Il faut peu de temps à Otep Shamaya de nous convaincre de sa forme, la chanteuse parait littéralement possédée dès 'Atom of Adam', elle beugle, elle gémit, elle pleurniche, elle menace. Otep retrouve sa noirceur, et le premier single 'Drunk On The Blood Of Saints' nous rappelle via un chant plus hip-hop les connexions d'Otep avec le neo-metal. Il faut reconnaitre l'évolution du groupe, un peu à la manière de Slipknot, vers un metal brutal, efficace, rentre-dedans. 'Atavist' propose plus de double-pédale et de gros riffs que de dreads et de skateboards... Les années 90/2000 sont finies et Otep, tout en évitant de se répéter, réussit à retrouver l'énergie de 'Sevas Tra' et 'House Of Secrets', un joli retour aux sources qui parait sincère, lui. On est même surpris par 'We Dream Like Lions', ballade passant particulièrement bien en milieu d'album (et pourtant, les chansons lentes ne sont pas le fort du groupe...) avant de retrouver des ambiances plus malsaines sur 'Baby's Breath' ou 'Bible Belt'. Dernière surprise en fin de disque : après avoir repris 'Breed' de Nirvana, Otep s'attaque ici à 'Not To Touch The Earth' des Doors, réussissant à se l'approprier avec un certain brio. Alors forcément, 'Atavist' n'est pas un chef d’œuvre, les ambiances glauques créées avec des chuchotements on connait, le chant fou de Shamaya aussi. Mais force est de reconnaitre qu'Otep surprend plus d'une fois avec cet album, et se rappelle aux bons souvenirs de fans déçus en leur redonnant ce qui a fait le succès du groupe : noirceur et brutalité, deux éléments portés par la folie et la rage de la charismatique chanteuse. Un atavisme bien nommé donc.