Chronique | Ulver - War Of The Roses

Pierre Sopor 25 avril 2011

Ulver aura bientôt 20ans, et ne cesse de surprendre à chaque album. On le savait déjà depuis un moment, Christopher Rygg a abandonné le black metal particulièrement violent des débuts et lorgne sur d'autres sons, plus industriels, plus ambients...Et plus pop aussi. Car ce qui surprend à la première écoute de 'War Of The Roses' avec son premier morceau, 'February MMX", c'est son rythme rapide, relativement léger, assez rock, tranchant complètement avec le son du précédent et très mélancolique 'Shadows of the Sun'. Bien plus lente et éthérée, 'Norwegian Gothic' prend une voie totalement différente, plus intimiste. 'Providence' reste dans ce même ton, avec l'ajout d'un chant féminin cependant. S'aventurant dans des expérimentations électroniques psychédéliques, vrais moments forts de cet album, Ulver continue pourtant d'être de plus en plus accessible, au point peut être de paraitre plus "lisse" et prévisible. De morceaux assez lumineux ('February MMX', 'September IV' ou même 'England') on passe à des ambiances bien plus tristes et sombres ('Island'), ce qui peut laisser perplexe, et empêche peut être à 'War Of The Roses' d'avoir la cohérence qui lui permettrait de rejoindre son prédécesseur au panthéon des chefs d’œuvre du groupe. Car Ulver est désormais un groupe, et même plus, un groupe qui joue ses morceaux en live pour la première fois depuis sa création. Au final, on retient de 'War Of The Roses' un voyage mystique en envoûtant, mais qui laisse pour la première fois chez Ulver un début d'arrière-goût de doute. Le groupe continue d'évoluer et de proposer une musique nouvelle, de surprendre et de déstabiliser ceux qui les attendaient peut être ailleurs. Mais le choc n'est pas le même que sur 'Shadows of the Sun', la magie prend un chouïa moins, mais c'est peut être aussi qu'à force de nous offrir l'excellence, Ulver nous rend encore plus exigeants que ses propres musiciens.