Chronique | Opeth - Pale Communion

Pierre Sopor 25 août 2014

N'en déplaise aux déçus par le magnifique Heritage, OPETH continue avec Pale Communion dans la même voie que leur précédent album : celle d'un rock progressif influencé par les 70's, débarrassé de tous les éléments death présents jusqu'alors dans la discographie du groupe. L'album s'ouvre sur Eternal Rains Will Come, un titre qui démarre très rapidement, ne s'encombrant d'aucune introduction et nous cueille par surprise. Bien loin d'être un Heritage-bis, Pale Communion se révèle d'entrée moins psychédélique que son prédécesseur, comme si le groupe maîtrisait de mieux en mieux son sujet et ose désormais une approche plus conventionnelle... A moins qu'ils aient déjà fait le tour de la question et soit condamné à se répéter ? Sans pour autant parler de linéarité (difficile de prévoir l'évolution des morceaux), l'étrangeté et les cassures de rythme de Heritage et ses folles parties de batterie laissent leur place à des mélodies plus "cohérentes" mais toujours aussi abouties. Avec Moon Above, Sun Below, Pale Communion tient son premier moment épique, et petit à petit le charme opère. Si au début Pale Communion paraissait un tantinet fade, sa magie se révèle au fur et à mesure des écoutes, avec ses pics d'intensité, ses passages plus mélancoliques (Faith In Others) et d'autres étrangement chaleureux au regard de l'oeuvre d'OPETH (le début de River), et ce malgré quelques moments oubliables. Dans sa volonté de rendre hommage aux années 70, Mikael Åkerfeldt se permet même, via Goblin un amusant clin d'oeil au groupe GOBLINS, célèbre notamment pour avoir travaillé sur plusieurs films de Dario Argento : on croirait parfois entendre le thème des Frissons de l'Angoisse ! Avec sa richesse mélodique et ses évolutions imprévisibles, Pale Communion est tout de même un bon album. Certes moins mystique que Heritage, l'album confirme néanmoins tout le savoir-faire d'un groupe qui refusait de stagner (même si, ici, on en a parfois l’impression). Plus qu'une transformation radicale, il serait plus juste de parler d'évolution tant tous les éléments qui font les forces d'OPETH en 2014 sont les mêmes qu'aux débuts du groupe, vingt ans plus tôt. Les pédales de distorsion et les growls ont beau avoir abandonné le navire, la magie, elle, est toujours là lors de quelques moments de grâce, bien que 'Pale Communion' soit moins bouleversant que d'habitude.