Chronique | Moaan Exis - Invok

Pierre Sopor 10 octobre 2016

Si vous n'avez jamais eu l'occasion d'écouter les premiers travaux de MOAAN EXIS (projet solo de Matthieu C., qui devient parfois un duo sur scène avec Xavier Guionie de PUNISH YOURSELF à la batterie), le nom ne vous est peut-être pas totalement étranger. On retrouve en effet des remixes de ce projet tout récent chez d'autres groupes de la scène indus du sud de la France, comme SIDILARSEN ou MACHINALIS TARANTULAE. Un premier indicateur amusant, tant l'electro metal des premiers est radicalement différent des atmosphères du second : MOAAN EXIS semble à l'aise dans plusieurs tons, plusieurs ambiances. C'est d'ailleurs ce que nous confirme Invok, deuxième EP sorti sur l'indispensable label Audiotrauma qui continue de bosser avec les productions indus made in France (CHRYSALIDE, SONIC AREA, LE DIKTAT, etc...).
Invok s'ouvre sur On Fire, avec ses gros beats bourrins, la piste idéale pour les headbangers sauvages qui pourront se décrocher la nuque l'écume aux lèvres. C'est lourd, carré, répétitif, les basses envoient, bref, c'est parfait. Le travail de démolition entamé avec cette entrée en matière efficace continue avec le morceau-titre sur lequel de nouvelles sonorités et bruitages viennent, petit à petit, planter une atmosphère angoissante et futuriste. Le travail de composition de MOAAN EXIS s'apparente presque à du sound-design pour créer un univers évocateur, presque visuel. Cette impression se confirme sur Substance K, morceau plus lent, plus atmosphérique, où les nappes de synthés sont comme dérangées par des distorsions cauchemardesques et quelques notes glaçantes, conférant au morceau un aspect carrément cinématographique. Spasm renoue avec la boucherie des débuts de l'EP : avec sa rythmique frénétique qui arrache et donne envie de se bagarrer, on n'imagine pas comment l'écouter autrement que très très fort, de préférence dans un couloir bien pourrave d'un asile psychiatrique où on peut tout démolir en hurlant pénard. Ce sera le dernier moment de furie de l'EP, Resurrection calmant le jeu de manière radicale avec ce son de guitare répétitif, ses beats lancinants, menace diffuse qui se dévoile au fur et à mesure, la fin du morceau accumulant à nouveau les couches, les sonorités (et meme quelques chants orientalisant lointains).
Entre parties dansantes aux limites de l'electro hardcore et passages plus atmosphériques, Invok est un EP complet, dont on apprécie la variété et la puissance. Tout cela est fort prometteur et MOAAN EXIS devrait assurément faire remuer de nombreux popotins dans les temps à venir.