Chronique | Ministry - Relapse

Pierre Sopor 23 mars 2012

Depuis qu'Al Jourgensen a annoncé sa retraite mi-2007, on a eu le droit à des albums de reprises, de remixes, un live... En fait, MINISTRY n'a jamais été très loin. On s'en doutait ça ne pouvait pas tenir. Après avoir sorti trois albums anti-Bush, l'oncle Al pensait peut être ne plus rien avoir à dire avec l'élection d'Obama. Il voulait se consacrer à la production et faire attention à sa santé, qu'il disait. Tu parles. Le voilà le nouveau MINISTRY, Relapse et sa pochette dégueulasse, la rechute, inévitable. Ce type là ne se calmera jamais. Et si le MINISTRY de 2012 reste très engagé et dans l'air du temps, les batailles sont plus variées. Relapse s'ouvre sur Ghouldiggers, attaque contre l'industrie de la musique dans laquelle Jourgensen remarque avec humour qu'il sera sûrement plus rentable une fois mort, en plus d'avoir la paix. Z'avez qu'à demander à Amy Whinehouse et Kurt Cobain, qu'il nous dit. Le son, lui, est dans la lignée de ce que le groupe nous pond depuis Rio Grande Blood : compact, sauvage, fin comme un parpaing et doux comme un verre d'essence. L'entrée en matière est très réussie, totalement démente, Jourgensen semble toujours beugler la tête sous l'eau, revient sur ses problèmes de drogues (Freefall), les rythmiques tuent (Double Tap et FreeFall, ça rigole pas !)...Dommage que Kleptocracy et la reprise de United Forces des STORMTROOPERS OF DEATH tombent un peu à plat, la faute à des refrains peu inspirés qui évoquent certaines autres reprises du groupe, dans un ton punk-thrash-indus trop entendu. Heureusement, le single 99 Percenters relance la machine, MINISTRY en a aussi contre le système économique américain et soigne sa mélodie pour le dire. Et même si l'obstination de Jourgensen à s'impliquer politiquement peut lasser, on doit bien reconnaître qu'avec Git Up Get Out'N Vote on tient un autre bon morceau, bien plus entraînant que Weekend Warrior ou Relapse. Car si on peut reprocher une chose à Relapse, c'est d'être inégal et indigeste. Un peu comme les autres albums récents de MINISTRY, le mélange d'indus et de thrash metal ne tient pas forcément sur la durée et contient toujours ses petits passages à vide, malgré des trouvailles qui permettent de varier un peu (Bloodlust, plus mélodique). Pas de quoi nous gâcher notre plaisir pour autant, MINISTRY a fait du bon boulot avec Relapse. Et même si l'Oncle Al a l'air en pleine forme, on voit bien qu'il vieillit, le pauvre vieux radote et essaye de nous faire croire que cette fois, c'est le dernier. Mais oui, papy, on y croit. Tiens, prends ces petites pilules, fais un dodo, et on se revoit dans quelques mois pour les remixes, en attendant la suite!