Chronique | Marilyn Manson - The Golden Age of Grotesque

Erīck Wīhr 7 mai 2003

Après une trilogie accomplie, MARILYN MANSON fait re-vivre l'Age d'Or du Grotesque! The Golden Age Of Grotesque est à la mesure de son concept, Manson joue encore et toujours le pari de changer de peau. Ce nouvel opus n'a strictement rien en commun avec les autres. Ici, Marilyn Manson est déterminé à nous montrer que nous sommes condamnés à masquer notre destin par l'intermédiaire de joies artificielles et burlesques, par le sexe, la violence, la télévision etc...Comme le voulait le philosophe allemand, Schopenhauer, il n'y a que dans l'Art que vient le vrai plaisir, une vraie raison de vivre. C'est d'ailleurs à ce titre que beaucoup de peintures du Révérend vont sortir de l'ombre et que celui-ci va faire des expositions où l'on verra beaucoup de ses nouvelles créations. 

Pour représenter au mieux le grotesque, ce dernier se plonge dans une époque où l'art et le grotesque se côtoyaient constamment et nous replonge dans l'Europe de l'entre 2 guerres (1930) avec un hommage tout particulier à Berlin et ses célèbres cabarets. Pour cette occasion, Manson réalise un nouveau logo. Cette fois-ci, il reprend le symbole de la Legion Condor nazie, courant à cette époque. Il fera d'innombrables références à cette Allemagne dans son court-métrage Doppleherz où l'on verra de nombreux clin d'oeils aux oeuvres à l'artiste Allemand Hans Bellmer pour ses poupées désarticulées, un artiste extrêmement controversé et célèbre de l'Allemagne à ses heures les plus sombres. On pourra de plus noter que Manson s'inspire énormément de l'artiste Egon Schiele avec ses peintures, dans la manière de représenter ses personnages vivants comme des cadavres (peintre de la Sezession Viennoise, courant artistique apparu juste avant la guerre).  

Ce que recherche Manson dans cette époque c'est l'excentricité et la controverse, il ne s'agit en rien du apologie du nazisme. Il subtilise aussi l'image de Mickey Mouse pour en faire un Mickey horrifique aux dents d'acier. Il touche à l'univers très paisible et imaginaire des enfants pour en faire un cauchemar. Sans oublier le Totenkopf. Ce logo nazi détourné par l'ajout des oreilles de Mickey. Cette ambiance fantasmagorique est présentée comme un grand cirque grotesque dans plusieurs chansons comme la glaçante intro Theater, l'excellente The Golden Age Of Grotesque toute en démesure, la totalement barrée Doll-Dagga Buzz-Buzz Ziggety-Zag et mOBSCENE où des femmes militaires en porte-jarretelles chantent "be obscene" à la manière des Pom Pom Girls que beaucoup rapprocheront du morceau de FAITH NO MORBe Agressive qui avait déjà utilisé l'idée.

 Manson incarne le Marquis de Sade sur quelques titres comme Vodevil. Para-Noir utilise de nombreux messages de fans interrogés pour répondre à la phrase suivante : "I want to fuck you because ... ". Au final c'est Dita Von Teese, sa fiancée, qui interprète les réponses. Musicalement l'album garde la triste marque de la perte de son bras-droit/ bassiste Twiggy Ramirez remplacé par le suédois Tim Skold (SHOTGUN MESSIAH - KMFDM), qui donne une touche très indus à l'album. En parlant d'ex-bassiste, il est important de noter que pour le clip vidéo (s)Aint, Gidget Gein (le premier bassiste, muse inspiratrice de Manson pour son look) fait une brève apparition. On notera aussi la présence d'une reprise de SOFT CELL Tainted Love pour clôturer l'album.

The Golden Age of Grotesque peut de prime abord décontenancer par le second degré qu'il affiche et assume : MARILYN MANSON avait rarement été aussi ouvertement dans le rôle de l'amuseur public, au point de cacher des jeux de mots dans ses titres (This is the New Shit, une fois censurée pour passer en radio devient This is the New Hit, ironisant sur les singles taillés pour MTV, ou les initiales même du titre de l'album forment le mot GAG). Pourtant, avec son ambiance inédite et sa production impeccable et puissante, il s'avère aussi être un très grand album de MARILYN MANSON.