Chronique | KMFDM - Tohuvabohu

Pierre Sopor 21 août 2007

S'il ne s'agissait pas d'art, on pourrait presque dire que KMFDM est une franchise. Un nouvel album d'une dizaine de titres sort régulièrement, l'artwork est toujours assuré par Brute !... même s'il semblerait que ce soit la dernière. Le résultat est toujours au rendez-vous, même si les mauvaises langues diront qu'ils sortent le même CD depuis 20 ans ... Tohuvabohu devrait d'ailleurs un petit peu changer la donne, rarement un album du groupe aura paru si hétéroclite. Après avoir viré vers le metal industriel, celui-ci semble revenir à quelque chose de plus electro dès le premier titre Superpower! sur lequel les samples de messages téléphoniques, les cuivres et le solo de guitares donnent un aspect funky à cette ouverture. Looking For Strange est un titre écrit et chanté de manière rock par Lucia Cifarelli, la compagne de Sasha Konietzko, dont le rôle au sein du groupe gagne en importance. Pour le meilleur comme pour le pire, puisque si les apports ponctuels de Lucia étaient fortement appréciables, son rôle devenu bien plus important peut laisser parfois sceptique. Looking For Strange n'est pas une exception : sur 11 titres, 6 sont chantés par Lucia. Vient ensuite la très biblique Tohuvabohu, toujours autant d'electro, avec un chant très grave. L'occasion de revenir sur l'origine de ce titre, signifiant "vide et informe", l'expression se trouvant dans la Genèse pour caractériser l'état de la Terre. On retrouve plus de guitares et le chant de Lucia sur I Am What I Am et encore plus de guitares sur Saft Und Kraft, titre jouissif qui sonne vraiment comme du MINISTRY, des riffs jusqu'au chant. Headcase continue dans une lignée teintée metal, avant Los Ninos Del Parque, reprise du groupe LIAISONS DANGEREUSES. Une nouvelle reprise après Mini Mini Mini de JAQUES DUTRONC sur Hau Ruck. Cependant chantée en Espagnol pour cette fois-ci, le groupe s'affirme comme un groupe définitivement polyglotte. Bumaye retiendra l'attention car le chant féminin apporte ici une émotion rarissime, Lucia chante mieux que jamais sur un titre plutôt lent et théâtral. Pas de révolution, mais une évolution plaisante, avec des variations plus marquées, le chant de Lucia prenant plus de places, de nouvelles langues utilisées dont le latin et l'espagnol notamment, tout ceci amplifié par de nouvelles recherches sur les émotions. Encore un très bon album !