Chronique | Hocico - Ofensor

Sterben 27 novembre 2015

On aurait pu croire nos desperados dark electro en banqueroute créative, usés d'être en tournée permanente depuis tant d'années. Mais voilà qu'ils reviennent avec sans doute l'un de leurs meilleurs albums depuis les années 90. 

Ce qui différencie Ofensor des derniers efforts du tandem ? Un raffinement particulier dans les atmosphères de contes macabres, que ne renierait surement pas leur compatriote Guillermo del Toro. Erk et Racso dominent largement 'l"aggrotech game", ils le savent, et peuvent donc s'autoriser un surplus d'ambition au lieu de toujours flatter l'auditeur dans le sens du poil. 

Ainsi, ceux qui se plaignent du trop grand nombre de plages instrumentales passent à côté d'une des grandes forces d'HOCICO. Loin de remplir les vides, ces interludes immersifs enrichissent le disque et mettent d'autant plus en valeur les club killers (qui sont évidemment au rendez-vous !). Les albums des Mexicains, aussi survoltés soient-ils, ne se limitent jamais à une simple collection de machines à danser. 

Ici pas d'ouverture coup de poing comme sur l'album précédent, mais un long prologue suivi d'une mise en jambe réussie avec Relentless, très bon titre construit autour d'une mélodie gothico-féérique qui scintille dans les ténèbres.

Sex Sick ressemble à une tentative d'accoucher d'un nouveau Dead Trust, l'énorme tube de l'album précédent devenu un favori du public. Il n'y parvient cependant qu'à moitié, même si Erk tient une nouvelle occasion de parler de son thème favori (tout est dans le titre). 

Le single Bienvenido a la Maldad est la première vraie incursion en territoires uptempo (156 bpm). Enlevé et bondissant, le titre suinte cette énergie mi-festive, mi-diabolique qui faisait déjà la force d'un classique comme Bite me ! 

Vient ensuite l'ultra-heavy Heart Attack, peut-être le meilleur morceau de l'album. Mieux vaut avoir le pied marin pour encaisser son refrain surpuissant, qui tangue de façon nauséeuse et change le dancefloor en navire chahuté par des creux de quinze mètres.

I Will Be Murdered (4 Minutes of Horror) est un intermède cauchemardesque dans une veine très SUICIDE COMMANDO. Chose rare pour ce genre de plages, les hurlements d'Erk sont de la partie, ajoutant à l’ambiance tragico-morbide pleine d'emphase. Après cette halte, l'album repart pied au plancher sur Ofensor, qui a beau donner son titre à l'album, n'est pas sa plage la plus impressionnante. Pêchu mais assez standard. 

Mind Circus est tout aussi dansant, mais s'avère plus addictif grâce à un refrain espiègle, faussement léger, qui contraste avec des paroles haineuses à souhait. Chez HOCICO l'innocence n'est que de façade, comme ces comptines enfantines prenant des accents malveillants dans le contexte d'un film d'horreur.

En parlant d'épouvante, The 5th Circle, est un entracte expérimental qui prouve que Racso n'a rien perdu de son talent pour distiller ce genre d'ambiance : la première mélodie accompagnerait parfaitement une virée nocturne de Michael Myers le soir d'Halloween.

Autre perle noire, Auf der Flucht (premier titre de chanson en allemand de l'histoire du groupe) est le genre d'ovni dont seul HOCICO a le secret. Ce morceau traitant du sort des réfugiés s'articule autour d'une sorte de sarabande décadente au clavecin. Ambiance Marquis de Sade, chœurs d'opéra lugubres... la recette est improbable mais aboutit grâce au talent des Mexicains à un tube sombre et entêtant de premier choix. 

In the Name of Violence est plus standard quoiqu'efficace, entre rythmiques agressives et thème épique cyber-orientalisant. Une formule classique pour les cousins et l'ensemble du courant industrial dance.

Côté bonus de l'édition limitée, le collectionneur est particulièrement gâté. Black Opium est certes vite oublié, mais on retiendra surtout l’étrange What are you doing in my dream ?, une mélopée onirique appuyée par un kick sourd avoisinant les 200 bpm ! Et plus encore Made of Hate, pure furie hard-electropunk toute en dissonances infernales et riffs psychotroniques. Ce morceau est si enragé qu'il faudrait songer à le piquer.