Souvent imité, jamais égalé : HOCICO fait partie des meubles de la dark electro. Au fil de sa déjà longue carrière, le duo mexicain a toujours eu l'immense mérite de nous proposer une musique à la fois diablement dansante, très riche et regorgeant d'ambiances glaciales, et c'était encore le cas sur son précédent album Artificial Extinction (chronique). Le groupe revient cette année avec l'album Hyperviolent, succédant à l'EP Broken Empires : on est curieux de voir si le disque porte bien son titre !
À vrai dire, Hyperviolent est simplement un album d'HOCICO de facture on ne peut plus classique : on retrouve donc avec plaisir les introductions et transitions faisant lentement monter l'angoisse avant la tempête tels les très bons When The Trumpets of Hate Blow et El Jardin de las Locuras, et comme toujours, elles laissent place à un déchaînement de battements, de boucles inquiétantes et de paroles susurrées par la voix saturée d'Erk ; une fois de plus, HOCICO nous entraîne en enfer. L'album nous réserve en effet quelques pièces passablement énervées, notamment Acts of Aggression ou mieux, Lost World dont le rythme ultra-rapide combiné à la diversité des sons donne la géniale impression d'être projeté à toute vitesse dans un cauchemar ! Plus calme, What Nightmares Are Made Of ? nous séduit quant à elle par son ambiance construite avec minutie, qui nous immerge sans qu'on y prenne garde pour nous écraser sous ses sonorités rugueuses.
Toutes ces recettes appréciées finissent toutefois par trouver leurs limites : c'est le cas en particulier sur Hacked Society où, pour nous qui connaissons bien HOCICO, les ficelles sont trop grosses, on devine sans peine quelle direction va prendre le morceau et les sonorités ne révolutionnent rien. D'une manière générale, on regrette que l'album ne nous surprenne pas davantage. Cela arrive, pourtant : le duo nous présente en onzième morceau une reprise de de la cultissime NWO de MINISTRY. L'enthousiasme est immédiat, le morceau est efficace (comment ne le serait-il pas ?), mais on constate rapidement qu'il reste très proche de l'originale, comme si on y avait seulement ajouté une couche de techno ; cela reste une curiosité sympathique. Autre surprise : Crown of Knives, qui s'inscrit dans la lignée des emprunts du groupe au black metal ; on pense en souriant à THE KOVENANT période In Times Before The Light.
Hyperviolent est donc un album où l'on retrouve ce qui fait la saveur d'un album d'HOCICO et a le mérite de la variété, bien qu'on sache qu'il ne se rangera pas parmi les plus marquants du groupe. On a en tout cas plaisir à voir le duo toujours d'attaque à notre époque apocalyptique où sa musique est plus que jamais en accord avec l'air du temps !