Chronique | Hocico - Autoagresión persistente

Sterben 1 septembre 1994

Les débuts fauchés de ce qui allait devenir un des meilleurs groupes du genre. Une K7 produite à même pas 200 exemplaires d'un alors obscur projet EBM/electro-indus mexicain chantant en espagnol... voilà un objet underground s'il en est.

Mais l'oreille attentive aura décelé que dès le début, quelque chose de supérieur à la moyenne était à l'œuvre. Les titres sont noirâtres et étouffants, baignés d'une aura ultra-menaçante et empreints d'une rage cathartique. La musique opère dans des zones voisines de LEATHER STRIP, POUPPEE FABRIKK, VOMITO NEGRO, :WUMPSCUT: ou YELWORC, mais en plus sale et plus rapide.

A l'instar de certains projets black metal, la prod crasseuse et lo-fi, les conditions d'enregistrements rudimentaires, amplifient plus qu'elles ne desservent l'ambiance glauque et haineuse de titres comme Euthanasia ou Our Death

Les lignes de basse électroniques rafalent comme une mitrailleuse sur une boite à rythmes aux accents tantôt militaires, tantôt thrash metal. Il n'y a pas plus de groove ici que sur un album de SLAYER. Mais la qualité mélodique des titres les empêche de sombrer dans un bourrinage stérile. Tout au long de la démo, les synthés pseudo-orchestraux instaurent un climat de diablerie médiévale, de menace surnaturelle pas si éloigné là encore des sphères black metal/dungeon synth.

On sent sur les excellentes plages atmosphériques El Pecado De Las Sombras et Atrocidad Desnuda les talents de compositeur de Racso Agroyam, qui de toute évidence avait déjà quelques notions de théorie musicale. Le bonhomme y déborde suffisamment d'idées et d'ambition pour transcender l'amateurisme général. Dans le même temps, Erk Aicrag s'inscrit de manière convaincante dans la tradition du chant "hellectro" saturé et atonal.

Avec du recul, il était facile de pressentir que ce mystérieux groupe mexicain allait faire parler de lui sur la scène.

PS : Pour ceux qui voudraient retrouver la fureur hardcore EBM et crypto-metal du HOCICO des débuts (mais avec une production au goût du jour), on en profite pour conseiller le premier album Homenaje a la Violencia de leurs trop méconnus compatriotes BESTIAS DE ASALTO.