Chronique | Emilie Autumn - Fight Like A Girl

Pierre Sopor 24 juillet 2012

Après avoir redéfini son style il y'a 6 ans sur l'album Opheliac, s'orientant vers des sonorités plus industrielles et plus sombres, EMILIE AUTUMN n'avait plus sorti que des EP ou rééditions. Fight Like A Girl est donc l'occasion de retrouver son univers, et le moins que l'on puisse dire c'est que l'on est en terrain connu. On retrouve en effet très vite tous les ingrédients habituels : des pendules qui font tic-tac, du thé, des sonorités plus ou moins electro...Le chant d'EMILIE AUTUMN n'a pas changé : sa voix balance entre le lyrique et les beuglements graves, elle chante n'importe comment diraient certains... On se contentera d'employer le mot "atypique" pour caractériser son chant, histoire de ne froisser personne. Et pourtant, du grand n'importe quoi, c'est ce qui se dégage du premier morceau et single éponyme de l'album : après une ouverture cherchant un certain onirisme, on part dans une délire pop-dance alors que la chanteuse nous mugit un "we fight" de sa pire voix. C'est loin d'être convaincant, et pire encore : ça reste en tête. Heureusement que la suite relève le niveau : Time For Tea, plus sombre et menaçante est aussi plus cohérente et introduit la principale force de cet album : sa structure narrative. Prévu pour devenir une comédie musicale, Fight Like A Girl nous parle d'un thème cher à sa chanteuse : la folie. Et il le fait de la manière la plus théâtrale possible, au point peut-être d'agacer. Il se dégage cependant de tout ce cirque une énergie qui fait plaisir à entendre. En reprenant la partie instrumentale d'un de ces meilleurs morceaux, 4 O'Clock, EMILIE AUTUMN signe un titre rappelant très fortement les partitions de Danny Elfman pour les films de Burton. On ne peut s'empêcher non plus de penser à plusieurs reprises au travail du compositeur Stephen Sondheim, auteur de la comédie musicale Sweeney Todd : après tout, EMILIE AUTUMN ne met-elle pas perpétuellement son coté victorien en avant? Sans trop réussir à renouveler son univers, elle nous trimbale entre morceaux pop chiants comme la pluie (What Will I Remember? ou encore Gaslight dont la version instrumentale en fin de disque est plus réussie) et moments plus barrés et intéressants (The Key). En raison de ses ambitions narratives, Fight Like A Girl manque peut-être de morceaux fédérateurs comme l'étaient Opheliac ou Dead Is The New Alive, et l'ensemble n'est pas des plus digestes. Mais le travail évident d'EMILIE AUTUMN pour animer son petit monde, certes d'un décalage finalement très convenu, ainsi que ses talents de compositrices rendent cet album assez intéressant pour lui accorder plusieurs écoutes, le temps peut-être de mieux s'en imprégner.