Chronique | Cradle Of Filth - Hammer Of The Witches

Pierre Sopor 10 juillet 2015

Ce ne sont ni les performances live mitigées, ni les changements de line-up (les deux guitaristes du groupe sont là depuis moins d'un an) qui vont décourager CRADLE OF FILTH. Bien au contraire, la machine est parfaitement huilée et Dani et sa bande nous prouvent avec Hammer of the Witches que leurs crocs ne sont pas si émoussés qu'on aurait pu le craindre. On connaît la formule : l'univers fantastique grandiloquent des britanniques, fait de vampires, de succubes et de messes noires n'a pas changé, comme l'illustre aussi bien l'artwork inspiré de Goya que l'intro Walpurgis Eve, théâtrale en diable. Il sera donc question de sorcellerie, bien que Dani Filth se défende d'avoir voulu faire un album concept comme à l'époque relativement récente de Godspeed on the Devil's Thunder, par exemple. Mais le groupe réussit tout de même à nous surprendre par son agressivité dès Yours Immortally alors que certains riffs flirtent avec le thrash metal. En plus de la puissance qu'il apporte, ce retour à deux guitares décuple les possibilités mélodiques de l'album, alors que les instruments se répondent et construisent les ambiances noires et gothiques propres au groupe. Ce regain d'efficacité se retrouve aussi dans le chant de Dani, qu'on n'osera pas dire sobre, mais presque : plus grave, il gagne en présence. Hammer of the Witches ménage quelques moments plus calmes et ambiants, comme la très noire Enshrined In Crematoria ou Blackest Magick In Practice et ses chœurs féminins en ouverture, et reste fidèle somme toute à ce que l'on attendait de CRADLE OF FILTH. Ce regain d'énergie bienvenue, ainsi que l'aspect épique de certains morceaux (Vampyre At My Side) n'en dénature pas pour autant la musique du groupe, empruntant au black metal, y saupoudrant de grosses doses de symphonique, de gothic ou de heavy metal. Si on ne peut pas vraiment parler de révolution (les allergiques aux gimmicks de Dani Filth continueront de le trouver très agaçant), l'album fonctionne néanmoins plutôt bien. Avec ses mélodies qui restent en tête, ses riffs acérés, ses ambiances soignées et un solo ici ou là, Hammer Of The Witches est une bonne synthèse de la violence d'albums comme Midian et de l'easy-listening de Thornography. On se surprendrait presque à aller courir nu sous la pleine lune avec Dani et une meute de loups, aux abords de vieilles ruines. CRADLE OF FILTH a beau être tout à fait conforme à ce que l'on attend d'eux, ils réussissent à nous surprendre par un regain de vigueur, une nouvelle jeunesse qui font de Hammer of the Witches un album plutôt divertissant.