On aime l'Atomic Cat pour sa déco, bien sûr, mélange d'ambiance cyberpunk et post-apo inspirée aussi bien par Alien que Fallout, mais on aime aussi ce sous-sol sombre pour son offre musicale et sa mise en avant des scènes goths et industrielles underground. L'entrée est gratuite, le prix des verres est légèrement revu à la hausse pour pouvoir filer un billet aux artistes, bref, tout le monde s'y retrouve. Ce soir, c'est Supershotgun qui s'installe sur la scène, son univers collant très bien à l'ambiance des lieux.
On connaît la recette : des références appuyées aux films à papa des années 80 et 90, des synthés qui sentent les dessous de bras musclés et les explosions... Avec une passion sincère, Supershotgun s'approprie les codes de la synthwave pour rendre hommage aux films d'action avec des héros costauds qui combattent des méchants moustachus à l'accent russe caricatural. S'il ne réinvente pas le genre, c'est exécuté avec un enthousiasme communicatif et la modestie de l'artiste qui s'amuse et divertit, conscient qu'il ne peut pas rester totalement sérieux avec son exosquelette et ses mélodies à la fois désuètes et trop cool.

Dans l'ombre des patrons du genre, dont les plus illustres ont évolué vers quelque chose de plus sombre ou plus violent, Supershotgun a cette démarche particulièrement attachante du gars qui ne cherche pas à nous pondre un truc complexe, pas de prétentions arty : c'est Supershotgun, c'est fun, il y a des explosions. Le stand de merch propose des prestations : pour un euro, vous avez un authentique high five des années 80 ! Mazette ! On négocierait bien le prix d'une figure en skateboard ou en BMX. La démarche a beau être d'une naïveté innocente, il y est quand même question de botter des culs. Alors Supershotgun botte des culs, les mélodies entêtantes mutent en assauts rythmés, le public se dandine et applaudit. Il y a quelques habitués mais aussi des curieux qui passaient par là et en profitent pour montrer leurs biscotos tout en remuant leurs popotins.
Si la musique est entièrement instrumentale, Supershotgun communique quand même. Si vous croisez son regard, il vous dévisagera comme s'il était le héros et que vous étiez le méchant moustachu à l'accent russe caricatural mais il se déride entre les morceaux et envoie des bisous au public. Outre l'approche décomplexée, ludique et profondément satisfaisante, voilà qui le démarque aussi des shows de Carpenter Brut ou Perturbator, qui en mettent plein la vue mais où l'échange n'est pas aussi important. On va voir Supershotgun pour s'éclater avec lui. Alors après un peu plus de 45 minutes, après le morceau triste où l'on croit toujours que le héros est mal barré mais que son fidèle chien va venir le sortir de la panade (n'en déplaise aux snobs qui préfèrent les chats, c'est pas vraiment les années 80 à Hollywood si y'a pas de chien), le public se met à gueuler "à poil" puis "une autre". Alors Supershotgun, dans une dernière pirouette, réussit à la fois à nous rassurer et à nous décevoir : il garde ses vêtements et ajoute qu'il n'y a "pas d'autre morceau". Mince alors, et ouf ! Ou l'inverse, à vous de voir. Nous, on se dit que quand même, tous ces héros ont tendance à revenir dans des suites boostées à la surenchère alors on garde les yeux ouverts : Supershotgun reviendra botter des culs et cette fois-ci, il y aura peut-être du neuf. Et qu'il garde ses vêtements, hein, de toute façon avec l'exosquelette, c'est pas facile de tomber la chemise.















