Eisbrecher + Unzucht @ Le Trabendo - Paris (75) - 14 octobre 2017

Live Report | Eisbrecher + Unzucht @ Le Trabendo - Paris (75) - 14 octobre 2017

Manon Nadolny 16 octobre 2017 Laurence Prudhomme Zildjian Unkle

Unzucht

Un samedi 14 octobre estival à Paris ! La météo était au beau fixe, tout comme le moral des nombreux fans et curieux venus assister au premier concert en France du groupe de metal industriel allemand EISBRECHER, accompagnés de leur compatriotes d'UNZUCHT. Précédé d'une réputation de chef de file du Neue Deutsche Härte, et de critiques plutôt favorables sur leur dernier album sorti cet été, les Bavarois vont donc enfin à l'initiative de Garmonbozia faire connaissance avec le public français. Le Trabendo marque la fin de leur Sturmfahrt, tournée qui les a menés dans toutes les grandes villes allemandes en ce début d'automne, de nombreuses dates affichant sold out. Ce n'est pas le cas en ce samedi soir parisien, la Eisbrechermania n'ayant pas encre déferlé sur la France. La file d'attente s'allonge pourtant de façon impressionnante, et en tendant l'oreille, français, anglais et allemand se mélangent. Les fans allemands sont venus en nombre, profitant par la même occasion d'un week-end parisien ensoleillé.

C'est donc dans un Trabendo quasiment plein que le public va retrouver le groupe UNZUCHT, en première partie de la tournée d'EISBRECHER. Une responsabilité qu'ils assument avec bonheur pour la seconde fois, après le Volle Kraft Voraus Tour en 2016. UNZUCHT qui a déjà effectué quelques dates sur notre sol, notamment en première partie de OOMPH !, puis en solo en novembre 2016 au Klub à Paris, s'est déjà constitué un petit noyau de fans français, pour qui il est hors de question de rater cette belle date ! Du coup, c'est avec pas mal d'impatience que sont accueillis les Allemands originaires d'Hanovre, emmenés par le chanteur Daniel Schulz.
Sur la scène dépouillée et beaucoup plus petite que celles sur lesquelles ils ont évolué lors des dates précédentes, l'atmosphère sombre se marie parfaitement avec le premier titre du set, Der Dunkel See. Superbe chanson plutôt calme du répertoire du groupe, elle permet de se familiariser avec leur son très dark et de noter l'absence du bassiste Alex Blaschke, remplacé pour cette date. Les premières notes de Widerstand retentissent lorsque brusquement c'est le silence… Plus de son, bruit de sirènes, regards interrogateurs sur scène comme dans le public. Les organisateurs rassurent très vite tout le monde, ce n'est qu'un déclenchement intempestif d'alarme, tout va bien ! Sauf pour le groupe qui doit patienter jusqu'à ce que le son soit rétabli. Daniel en profite pour plaisanter en anglais avec le public qui patiente tranquillement. C'est avec soulagement tout de même que les Allemands reviennent sur scène pour dérouler comment il se doit leur set. On voit bien que l'enthousiasme des fans entraîne le public particulièrement réceptif. Sur leur titre fétiche Unzucht, et après seulement trois morceaux, les Allemands vont mettre la salle dans leur poche, conquise par l'énergie du groupe et le charisme de son frontman. C'est pourtant un son peu habituel aux oreilles françaises : le groupe se revendique Dark Rock, avec des influences metal et indus. La frappe du batteur est lourde, la double pédale omniprésente, et les riffs de guitare agressifs, comme sur Neuntöter, aux sonorités particulièrement âpres, servies par la voix gutturale de Daniel De Clerq. Pour autant les mélodies ne sont pas absentes; Nur die Ewigkeit est l'exemple parfait de l'émotion que peut dégager la voix de Daniel Schulz, sur des accords plus apaisés.

L'énergie est la marque de fabrique du groupe et l'ambiance devient très chaude dans le Trabendo transformé en chaudron. Les Allemands sont visiblement très touchés par les réactions du public qui chante et danse sans interruption tout au long du set. Celui-ci s'achève sur un de leurs premiers succès, Engel der Vernichtung (l'ange de la destruction), sur lequel le chanteur n'a même plus besoin de micro. Après de sincères remerciements et la promesse de se retrouver après le concert, UNZUCHT quitte la scène pour laisser la place aux têtes d'affiche. La sauce a complètement pris entre ce groupe généreux et le public parisien, pour qui la barrière de la langue semble n'avoir aucune importance.

 

 Setlist:
01. Der Dunkle See
02. Widerstand
03. Lava
04. Unzucht
05. Deine Zeit Laüft Ab
06. Neuntöter
07. Nur die Ewigkeit
08. Ein Wort Fliegt Wie Ein Stein
09. Engel der Vernichtung

Eisbrecher

Dernière date de la tournée, Paris se devait d'accueillir comme il se doit les Bavarois d'EISBRECHER (littéralement brise-glace en français) ! Avec RAMMSTEIN, OOMPH ! et MEGAHERZ (dont Alexander Wesselsky est le chanteur d'origine), ils sont les représentants d'un courant musical né au milieu des années 1990, et qui reste cantonné outre-Rhin. Mélange de metal, rock alternatif et electro, avec des chants graves et une imagerie parfois militaire, les paroles sont généralement en allemand. Si le groupe existe depuis 15 ans maintenant, il n'avait pas encore eu l'occasion de se produire en France : c'est donc chose faite et ils sont attendus de pied ferme.

Dans un Trabendo désormais bouillant, le groupe fait son entrée sur le titre éponyme de leur dernier album Sturmfahrt : Achim Färber à la batterie, Rupert Keplinger à la basse, Noël Pix et Jürgen Plangger aux guitares et Alexander Wesselsky, Kapitän et frontman du bâtiment EISBRECHER au chant, forment depuis quelques années déjà un line-up stable. Mais c'est un capitaine quelque peu diminué qui se présente, appuyé sur une béquille : des soucis récurrents au genou vont l'obliger à rester assis tout au long de la soirée, ce qui, on va vite s'en rendre compte, ne diminuera en rien la prestation du groupe. C'est d'ailleurs avec beaucoup d'humour et dans un français quasiment parfait qu'il va assurer le show, étoffé d'une vingtaine de titres, entre nouvel album et morceaux emblématiques. Après quelques poses avantageuses du groupe, et pour le confort de tous, les portables sont raidement invités à regagner les poches de leurs propriétaires. Willkommen im Nichts arrive à point pour nous rappeler les origines de la Neue Deutsche Härte, et apparemment le public prend plutôt bien la chose et donne très vite de la voix. Sur Das Gesetz, extrait du dernier album, c'est la grosse claque pour le groupe, lorsque les pogos se déchaînent dans la fosse ! Pas vraiment une habitude pour les fans allemands, amusés par la démonstration d'enthousiasme des Français, qui adhèrent complètement au côté dansant de ce titre. Il faut dire que la voix grave et puissante d'Alex Wesselsky fait mouche, tour à tour enjôleuse et grave. Malgré son immobilité forcée, il ne perd rien de sa puissance vocale et en profite entre les morceaux pour faire son cabotin et user de son charme.

Les percussions se taillent la part du lion sur Amok, et les fûts sur lesquels frappent en rythme les musiciens ont de quoi rendre jaloux nos TAMBOURS DU BRONX nationaux. Le rythme est soutenu, la chaleur insupportable. Lorsque résonnent les première notes de Eisbär (une reprise du groupe punk suisse GRAUZONE à la mode EISBRECHER) on sent presque une petite brise dans la salle. Les titres s'enchaînent sans temps mort, le show est bien rôdé et malgré l'exiguïté du lieu, la présence scénique du groupe est indéniable. Ca pogotte sur quasiment tous les titres dans la foule, les mains frappent en cadence, il n'y a pas à dire, le concert s'annonce particulièrement réussi pour le groupe. Himmel, Arsch und Zwirn déclenche le même enthousiasme que lors des concerts outre-Rhin, poings levés, le public se charge de démontrer au groupe qu'on a aussi de la voix en France. D'ailleurs, Alex propose de se retrouver la prochaine fois pour deux dates au Stade de France. Carrément !

Les sourires sur les visages ne trompent pas, le groupe ne regrette pas d'avoir fait le déplacement. L'ambiance est bon enfant, les curieux du fond de la salle se rapprochent progressivement et viennent grossir le lot des fans. Un peu de calme sur le très réussi Wo Geht der Teufel Hin? permet à Alex, toujours en pénitence sur sa chaise, de mettre en évidence le côté romantique de son personnage, et la mélodie fait osciller doucement les têtes. en revanche, sur le titre suivant, les Allemands ont dû regretter le choix de leur costume, mais bon quand faut y aller... C'est donc revêtus de parkas, chapkas et autres casquettes que le groupe va affronter la chaleur de la salle pour interpréter Eiszeit (ère glaciaire en français), pas vraiment d'actualité ce soir. Was ist hier los?, extrait du dernier album et hyper efficace en live, marque un tournant dans la discographie du groupe: c'est un titre qui dénonce les absurdités de notre société, et qui a une portée plus politique et sociale que les autres compositions d'EISBRECHER. Sur This is Deutsch, le Trabendo prend des allures de salle de concert allemande, avec les paroles reprises en choeur comme à toutes les prestations du groupe. Parodie du côté rigide de nos voisins, ce morceau très martial et rythmé est devenu culte. Après une battle entre batteur et guitariste, permettant ainsi d'admirer la dextérité d'Achim Färber à la batterie, le set tire doucement à sa fin.

Paradoxalement, le fait que le chanteur soit cloué sur une chaise (les quelques tentatives pour se lever l'ont vite rappelé à l'ordre) a attiré sur lui tous les regards et a quelque peu éclipsé les autres membres du groupe. Dommage car si le côté showman du capitaine est assumé, les autres musiciens ont une place tout aussi importante, notamment Noël Pix, l'autre tête pensante du combo. En tout cas, les plaisanteries et charmants lapsus d'Alexander Wesselsky sont certainement pour beaucoup dans le lien que le groupe a rapidement noué avec les Français. Encore un dernier titre particulièrement représentatif de la NDH avec Miststück, emprunté au répertoire de MEGAHERZ, et la soirée s'achève sur In Einem Boot, jolie ballade qui s'inspire du film de Wolfgang Petersen Das Boot.

Après le traditionnel lancer d'ours polaires en peluche dans le public, il est temps de laisser partir les Allemands. Pari réussi pour l'organisateur et pour le groupe, désormais EISBRECHER aura sa place dans le coeur du public français. En espérant qu'une nouvelle date soit programmée très rapidement, les avis sur la soirée étaient unanimes pour saluer le professionnalisme et la gentillesse des deux groupes. Un petit bémol en cette fin de soirée, l'impossibilité pour le public d'approcher les membres d'EISBRECHER, mais ce n'est sûrement que partie remise !

 


Setlist
:
01. Intro
02. Sturmfahrt
03. Willkommen im Nichts
04. Das Gesetz
05. Automat
06. Fehler Machen Leute
07. Eisbär
08. Amok
09. So Oder So
10. Die Engel
11. Prototyp
12. Himmel, Arsch und Zwirn
13. Wo Geht der Teufel Hin?
14. Eiszeit
15. 1000 Narben
16. Was Ist Hier Los?
17. This is Deutsch
18. Verrückt
19. « drums vs maschine »
20. Miststück
21. In Einem Boot