Quand Laibach cesse d'être ironique, c'est généralement qu'il est temps de s'inquiéter de l'état du monde. Le groupe slovène continue à sortir des singles isolés en parallèle de ses autres activités et après la cocasse Die Kanone, Laibach en sort un beaucoup moins drôle : Yom Kippur, que le groupe explique avoir composé à l'occasion de l'accord de paix récemment conclu en Palestine, censé arrêter la guerre dans la Bande de Gaza. Si la musique est douce, les slogans sont dénonciateurs :
C'est que la fête religieuse juive du Yom Kippour, que Laibach a récemment souhaité "à [ses] amis juifs observants – et tous les Juifs engagés pour la paix, la fraternité et la coopération" est celle du "Grand Pardon". Le groupe souligne que cela comprend "la responsabilité collective, la réconciliation et la recherche du pardon", non seulement vis-à-vis de Dieu mais aussi vis-à-vis des autres et de l'histoire elle-même ; c'est donc aussi aux yeux de Laibach le moment où une société doit prendre conscience de ses péchés et de ses hypocrisies. Or la prise de conscience et la réconciliation sont fondamentales aux yeux de Laibach du fait des nombreuses vies innocentes détruites par la guerre dans la Bande de Gaza : le groupe qualifie la chanson de "mémorial dédié aux victimes innocentes, mais aussi dirigée vers les auteurs des crimes et tous ceux qui ont regardé la situation de loin et refusé de se sentir complices" ; Laibach la dédie "par-dessus tout aux dizaines d'enfants qui ont été tués ou mutilés, comme aux enfants victimes de toutes les guerres". Pour cela, le morceau a fait appel à un chœur d'enfants palestiniens enregistré à Beyrouth.
On est bien sûr étonné de voir Laibach s'exprimer ainsi au premier degré mais pas par le thème : il y a un an, le groupe slovène consacrait sa reprise de White Christmas aux enfants morts dans les conflits armés, qui durent en effet insupportablement longtemps.