Helloween - 2010-10-29

Helloween - 2010-10-29

Mandah 29 octobre 2010

Le nouvel album d'Helloween « 7 Sinners » sortira à la fin du mois d'Octobre. Il s'agit d'un des albums les plus rapides et sombres de la discographie du groupe. Pourquoi et comment en êtes-vous arrivés à ce choix d'avoir un son plus lourd pour cet opus ?
Andi : Il n'y a pas vraiment eu d'idées pré-réfléchies pour cet album. Je pense que la vraie raison est la direction artistique qu'ont pris les derniers albums comme « The Unarmed » par exemple. C'était un album acoustique arrangé à la manière des albums classiques sans aucune distorsion au niveau des guitares ni aucun amplificateur. Au final, on s'est sentis comme des drug-addicts en manque de drogues. Je crois que ça nous ai venu naturellement de faire un album plus heavy après un album acoustique. On est retourné en studio, on a relancé la machine et on s'est vu apprécier le metal de nouveau. C'est là d'où on vient, c'est pour ça qu'on est là, pas pour des albums acoustiques, tu vois. Toutes les idées qu'on a collectées pour cet album étaient plus dures et un peu plus folles. En revanche, je dois t'avouer que faire un album comme « the Unarmed » était salutaire pour le groupe. Mais pour celui-là, on voulait que ce soit le plus heavy, rapide et brutal possible. Après un album doux comme celui que nous avons réalisé avec « The Unarmed », bien que très agréable à faire, on a ressenti le besoin de ressortir les guitares et les distorsions. Le dernier album a complètement ouvert de nouveaux horizons en matière d'expérience artistique qui sont également très bénéfiques pour un album metal.

Le titre de l'album fait référence aux sept péchés capitaux. Pourquoi parlez-vous de « pécheurs » et non de « péchés » ? Est-ce que chaque membre représente un péché particulier ?
Après cet album acoustique, nous voulions quelque chose de plus magique et mystique à nouveau, quelque chose qui s'apparente au vieil Helloween. Comme nous voulions faire sensation avec cette nouvelle sortie, on se devait de réaliser quelque chose en concordance avec la musique. C'est là que Weiki intervient, sur l'écran de son ordinateur il y avait une étoile à sept branches. On pensait que c'était vraiment cool. Elle faisait très diabolique mais en réalité elle ne l'est pas. Je l'ai uploadée dans mes fichiers iTunes et l'ai montrée aux autres. Nous sommes, les membres du groupe, les gardiens d'une clé. Et étant donné qu'il y a sept clés, la boucle est bouclée pour ainsi dire. De plus, il y a une mythologie derrière ça liée à cette étoile à sept branches : le diable aurait envoyé sept pécheurs sur Terre afin d'y répandre le mal en son nom dont seule l'étoile à sept branches pouvait les combattre et les radier. Je pense qu'il s'agit d'un beau mythe et d'autant plus parce qu'il touche tous les continents sur la surface de la planète ce qui est fascinant parce qu'il doit avoir 3 ou 4 milles ans, il est probablement plus vieux que l'ancien testament de la Bible. Or, tu ne le retrouves pas que dans la religion Chrétienne mais dans toutes les religions ce qui est très intéressant. L'Histoire a toujours nié quelconque connexion entre les continents. Je pense, personnellement, que c'est mal.

Mais en quoi ce titre correspond au nouvel album exactement ?
Eh bien, Weiki m'a fait écouter les premières démos par le biais de son iPhone. Les iPhones ont ces petites images qui apparaissent à l'écran lorsque tu écoutes de la musique sur iTunes, il y a toujours un artwork. Weiki trouvait ça ennuyant d'avoir seulement les artworks iTunes définis par défaut parce qu'ils ressemblent à rien, alors il a téléchargé des trucs sur Internet. Et la première chose qu'il a aimée était l'étoile à sept branches, il ne savait pas pourquoi. Il l'a trouvé jolie, il l'a téléchargée sur iTunes. Et voilà ! J'ai par la suite réfléchi à ce qu'elle pouvait signifier. Selon moi, c'est comme Star Wars, c'est une force, la force positive. Il n'y a rien de plus. On a fait des recherches via google et trouvé qu'elle était liée aux sept péchés capitaux. Elle représente l'arme qui combat les sept pécheurs. Après un album acoustique, on avait définitivement besoin d'un truc qui montre aux gens, sans aucun doute possible, qu'il s'agit d'un album metal. Je sais pas si je me fais comprendre.

Si, vous vouliez une combinaison qui soit directe.
Voilà, ouais exactement. C'est du metal, tu sais. J'aime ça. Je suis un fan de metal. En tant que fan de metal, je pense que les autres amateurs du genre vont l'aimer également. Sasha a eu une idée complètement stupide en disant que « nous sommes cinq, nous sommes cinq pécheurs alors on prend une citrouille et un gardien. Et voilà, nous sommes sept pécheurs. Allons-y » (rires).

A quel péché t'identifies-tu le plus et pourquoi ?
La luxure (rires). Je bois trop, Je fume trop. Il s'agit probablement du péché principal des gens en général. Le désir dans toutes ses formes, pas que d'une manière sexuelle : les cigarettes, l'alcool, manger. Mais je ne considère pas cela comme étant un péché. Le désir pour moi, c'est apprécier la vie. En revanche, si tu apprécies la vie d'une manière excessive au point de te blesser ou blesser quelqu'un d'autre,là ça devient un péché. Je ne crois pas être un grand pécheur. Je ne blesse personne. A partir du moment où j'ai mes trois verres de whiskey, mes cigarettes et de temps en temps du sexe sauvage au lit, tout va bien. Je pense que le désir est ce qui nous caractérise en tant qu'être-humain. Si tu en abuses, cela devient un péché.

Qu'est-ce qui inspire tes paroles ?
La vie et les tournées. Il y a toujours beaucoup de choses qui se passent en tournée. Quand tu voyages à travers le Monde, il y a tellement de choses à découvrir qui sont complètement hors de notre portée, de notre éducation. Ayant été élevé en Europe, dans sa manière la plus ennuyante, le Monde m'offre beaucoup de surprises. Je n'écris pas explicitement ce que j'y vois mais elles sont ici (il montre sa tête). Quand vient le temps d'écrire de nouvelles chansons, tu réalises qu'elles sont toujours dans un coin de ta tête. Quand je me pose dans mon salon avec ma guitare à la main, ces histoires m'affectent toujours et par conséquent m'influencent. Elles sont devenues si importantes pour moi que je ressens le besoin de les écrire sur papier.

Comment écris-tu ? Comment ça se déroule en général ?
Ça dépend. Des fois j'écris juste un titre, une phrase comme "the smile of the sun was stolen, someone has taken away the heart of the day". J'ai écris ça une fois, sans aucune mélodie en tête. C'était comme un jeu de rimes. J'aime ce qu'elle signifie : le sourire du soleil peut être tout ce que tu veux qu'il soit. Ça peut être toi, parce que je t'aime, je t'aime, je t'aime et quelqu'un d'autre t'emporte au loin. Le sourire du soleil, mon sourire du soleil, toi, n'est plus. Ça peut être ma guitare. N'emporte pas ma guitare ! Chacun a son propre sourire du soleil. En ce qui concerne "Where The Sinners Go", j'ai commencé par un riff (il le chante) que j'ai adoré, j'ai commencé à écrire les paroles six ou sept mois après que ce riff ait été écrit. Des fois je cris comme un malade dans mon répondeur quand je n'ai rien d'autre à portée de main pour m'enregistrer. Quand je marche dans la rue et soudain j'ai une idée en tête, je m'appelle et m'enregistre via mon répondeur (rires). Tout le monde doit penser que je suis dingue (il commence à crier / chanter) et là, tu as les gens "aww ohh". Donc tu vois je n'ai aucune routine quant au processus d'écriture, tout est possible. Chaque chanson a sa propre histoire. En revanche, il est vrai qu'il y a certaines formules qui font que ça marche plus vite mais il n'y a aucune formule pour les idées ou pour ce qui prime dans la création.

Y-a-t-il des moments où tu te retrouves en manque d'inspiration ?
Oui absolument. Que fais-tu pour contrer cela ? Rien. Rien, vraiment ? Je me relaxe et bois plus de whiskey. Si ça dure un ou deux jours, ça va. Le manque d'inspiration devient problématique lorsque qu'il dure une semaine ou plus. Là oui, je commence à m'inquiéter, à avoir peur de ne pas être dans les temps. Ça peut sembler stupide, mais des fois j'ai juste besoin d'acheter un billet pour la Thaïland or les Seychelles, juste ma guitare et moi, et soudainement ça marche. Des fois, tu as juste besoin d'un nouvel environnement, d'une pause, d'un nouveau dynamisme. La maison, c'est génial mais elle peut te paralyser. Quand tu es hors de la cage, du cocon, ça devient plus facile, plus fluide. Puis quand tu retournes chez toi, tu te remets au travail et ça marche à nouveau.

La chanson Long live the King est un hommage à Ronnie James Dio, non ?
Et Judas Priest, oui. Ce titre était initialement prévu pour mon projet solo. Toutes les parties de batterie étaient enregistrées. Mais par la suite ce batteur et la femme de mon guitariste ont baisé donc toutes les parties de batterie ont été mises à la poubelle. J'ai dû repartir de zéro. J'ai écris cette chanson quand Ronnie avait un cancer, j'ai alors pensé "c'est maintenant ou jamais", je me devais de lui écrire une chanson. Je ne sais pas s'il l'aurait un jour écoutée, personnellement, je me sentirais honoré si cela devait m'arriver d'avoir une chanson à mon sujet. Malheureusement pour des raisons évidentes, tout a été retardé, il n'aura jamais plus l'opportunité de l'écouter maintenant. Il est mort... Mais je voulais l'honorer, laisser une marque indélébile. Je n'ai pas voulu faire ça trop tôt à cause de tous ces putains de vautours qui font ça uniquement pour l'argent. Donc ouais, c'est mon petit merci à mes deux héros, Dio et Priest. La prochaine fois, j'écrirai une chanson pour Kiss. C'est quelque chose que j'ai toujours voulu faire.

Penses-tu que les mecs de Judas Priest vont l'écouter ?
Oui définitivement ! On a joué ensemble sur pas mal de festivals donc je pense qu'ils seront intéressés de connaître la chanson et j'espère qu'ils auront un grand sourire sur leur visage pendant qu'ils l'écoutent. Il y a un petit riff qui me rappelle "Breaking the Law". Mais je pense que c'est plus important pour ceux qui aiment Helloween de l'écouter plutôt que Dio ou Priest parce que c'est intéressant pour eux, les fans, de savoir d'où on vient.

Peux-tu me parler de You Stupid Mankind ?
C'est ma chanson préférée ! Le titre en dit long (rires). L'idée est née des circonstances actuelles, de la manière dont nous nous traitons et dont nous traitons le Monde. L'Homme, en tant qu'animal, est probablement le seul qui chie et pisse sur sa propre existence. Pour moi et Sasha, qui a écrit la chanson, cela fait de l'Homme l'animal le plus stupide de la planète. Aucun autre ne ferait ça ce qui est très triste. Et c'est ma chanson préférée parce qu'elle est fraîche et nouvelle. J'aime expérimenter de nouvelles choses. C'est une sorte de combinaison de l'ancien Helloween à du metal comme on en fait aujourd'hui. Il y a beaucoup d'effets au niveau des guitares clairsemés par-ci par-là qui te tiennent en haleine.

Le groupe en a vu beaucoup en plus de deux décennies incluant 13 albums, de nombreuses tournées à travers le Monde, plus de cinq millions de disques vendus et plusieurs changements de line-up. Qu'est-ce qui vous fait tenir et de manière plus général les groupes-à-longue-carrière ? Comment restez-vous motivés ?
(Long silence) La balance entre l'amusement et le travail. Tant que c'est plus de fun que du travail, la machine peut continuer. Le jour où ça devient moins amusant et plus contraignant, on arrêtera. Quand tu regardes l'histoire du groupe, on a toujours failli "éclater". Dès que cela devient routinier ou ennuyant, on fait toujours quelque chose de surprenant et complètement stupide (rires), hors de notre genre musical traditionnel ce qui est tout-à-fait intentionnel, plutôt que de se cantonner à la bonne vieille équation et couler, je préfère qu'il soit un processus qui se nourrit de lui-même. C'est maintenant ou jamais, tu dois savoir te sortir de cette équation mathématique et systématique avant qu'il ne soit trop tard. Alors au lieu de faire quelque chose d'irréversible, laisse les gens parler et pleurer comme des bébés "aww ! Je ne comprends pas, mais qu'est-ce que vous avez fait là ?!" (rires). Casse toi ! C'était fun pour nous alors avale le ! On ne force personne à acheter nos albums. On doit s'amuser dans ce qu'on fait. Qu'est-ce que vous préférez ? Un groupe de metal qui vous ment et se ment à lui-même en faisant une musique qu'il dénigre pour vous satisfaire ? Eh bien, ça n'est pas nous. Ça, c'est la manière américaine. On ne fait pas de business. On a commencé alors que nous étions encore que des mômes poursuivant leurs rêves. On est toujours là et c'est parce qu'on s'amuse toujours autant. Si tu veux t'amuser, tu dois changer certaines choses de temps en temps. N'écoute personne, fais ce que tu aimes faire. Si les gens suivent, aiment ce que tu fais de temps en temps, c'est génial. Heureusement, nous avons suffisamment d'albums qui sont considérés comme étant des classiques, mais entre ceux-là il y a des merdes. Si les gens pestent contre un album, ils sont d'autant plus heureux de retrouver un bon album après coup. C'est plus ou moins la formule Rock N Roll. Fais ce que tu as envie de faire, cela ne peut être mauvais... pour toi-même.

Rien d'autre n'importe ?
Non rien. D'ailleurs, avant que ça devienne ennuyant, je veux faire un autre truc stupide quand personne ne s'y attend, probablement un album death metal punk, les gens pourront pester à nouveau (il éclate de rire).

Quel est l'objectif principal d'Helloween ? Que veux-tu apporter aux gens avec ta musique ?
De l'énergie. De l'énergie positive. Leur permettre de se lever, d'y aller, se dire "ouais je peux le faire !" ou "si tu te mets au travers de mon chemin, je vais te tarter la gueule !". Malheureusement, il n'y a pas beaucoup de groupes comme ça qui t'impulsent cette énergie positive. C'est plus simple d'écrire, chanter et parler des mauvais choses, de la tristesse, du suicide et j'en passe. Ça peut être amusant ou partir d'une démarche authentique une fois de temps en temps parce que c'est aussi ça la vie mais pas pour un album entier. Je veux vraiment que les gens se sentent plus forts quand ils écoutent mes mots et notre musique. Je veux influencer le gens de manière positive.

Selon toi, quel a été le plus gros challenge ou plus grandes réussite du groupe jusqu'à maintenant ?
Le comeback de 1994 parce que le monde entier pestait ! A l'époque, les gens disaient que le groupe était mort, que notre tournée était un échec avec seulement une petite poignée de fans au rendez-vous. Quand j'ai intégré Helloween, les gens pensaient que j'étais dingue parce que mon groupe rencontrait un certain succès. J'ai essayé de leur faire comprendre que je ne peux pas être heureux dans un groupe, bien qu'il soit couronné de succès, qui n'aime plus mes chansons. Personne n'avait l'air de comprendre que le succès ne me rend pas heureux. Quand j'ai fait écouter ces mêmes chansons aux mecs d'Helloween, ils les ont tout simplement adorées. Je l'ai vu dans leurs yeux et les yeux ne mentent pas. Je sais que je ne remplirai pas le frigo avec ça mais c'est une autre histoire. Je veux avoir un impact positif sur les gens, c'est la chose la plus importante pour moi. Helloween a accepté mes mots, ma musique, mes sentiments, l'expression de moi-même. Qu'aurais-je voulu d'autre ? Je ne veux rien d'autre alors qu'ils aillent se faire enculer ! 94 a été un tournant dans ma vie.

Vous allez tourner avec Stratovarius en Novembre. Qui a décidé ce choix ?
Je n'en ai aucune idée. On a reçu quelques suggestions, Stratovarius et Helloween semblaient être le bon choix, un bon assemblage. Je ne connais pas ces mecs, certains disent qu'ils sont difficiles, d'autres disent qu'ils sont cool. Leur musique est sympa mais étant donné que nous allons tourner avec eux durant un an, j'espère sincèrement qu'ils sont cool. Sinon, ça serait ... pas très cool (rires). De toute manière, c'est bien d'être entouré de nouvelles chairs parce qu'ils ont de nouvelles histoires à partager et raconter. Je leur raconterai mes bonnes vieilles anecdotes, mes potes en ont marre de les entendre (rires).

Y a-t-il des groupes avec lesquels tu aimerais tourner ?
Kiss ! C'est quasiment impossible pour le deuxième peloton de tête dont nous faisons partie de tourner avec le premier peloton de rock stars comme eux parce que ces groupes recherchent des supporting acts qui sont prêts à payer. On est trop gros pour ouvrir leurs shows et pas assez économiquement parlant. En tant que fan, je trouve ça triste. Merci pour cette interview Andi Merci, c'était fun. On se voit tous au concert.