Rétrospective 2018 : l'avis de Spoon

Spoon 15 janvier 2019

Enfin, cette année 2018 est terminée. Une année qui aura été très difficile sur le plan personnel et qui s'est ressentie sur le contenu publié de ma plume. Entre le peu de chroniques rédigées, celles dans ma liste à faire, ou encore les sélections hebdomadaires abandonnées… on peut dire que ce n'aura pas été ma période la plus productive. Heureusement, être sollicité par des groupes pour chroniquer leur album, ou recevoir une notifications à propos d'un clampin qui vient d'acheter un disque grâce aux recommandations que j'ai pu écrire, même si ça reste occasionnel, me donnent cette envie de continuer. J'espère rédiger encore plus de lignes cette année au sein de cette petite équipe fort sympathique !

Bref, cela ne m'a pas empêché pour autant de faire de bonnes découvertes, même si j'ai trouvé l'année 2018 bien moins fournie que la précédente. Le grand absent de cette année est sans aucun doute le metal, que j'ai pas mal délaissé au profit d'autres genres que j'ai découverts, creusés ou approfondis. Ce doit sûrement venir du fait qu'étant dans le milieu depuis une vingtaine d'années, je commence à en avoir fait le tour, voire être devenu tellement exigeant que presque plus rien ne me provoque cette petite étincelle. Il y a bien eu quelques titres qui m'ont fait arracher un mouvement de nuque sur le moment mais rien qui ne soit resté de mémorable. Alors c'est donc ça que de vieillir et devenir un gros con grincheux adepte du "c'était mieux avant" ? Faut croire… parce que j'en suis revenu à mon premier amour : la techno, avec notamment un retour aux sources via KRAFTWERK mais surtout lors de son âge d'or aux débuts des années 90 avec RETURN TO ZERO ou L.A. STYLE et leurs légendaires mélodies, largement démocratisées par la BO de Mortal Kombat.

Je vais d'abord commencer par mentionner quelques albums, hors classement de part leur date de parution. Cette fois-ci, je liste cinq albums qui, je pense, font partie de ceux qui auront le plus tourné ces derniers temps, mais que j'ai tous découvert sur l'année.

RHOCASSIO - Forsaken Horizon (2016) (Dubstep / Hardstyle)

La classification pourrait en rebuter plusieurs, moi le premier, pourtant l'écoute de l'album m'a plutôt surpris dans le bon sens du terme. Si l'on fait abstraction de l'étiquette péjoratif de la dubstep et que l'on commence à creuser un peu, ontrouve de bonnes compositions. Même si l'approche reste mainstream les sonorités sont suffisamment variées pour maintenir une écoute curieuse et attentive.

IRON COURT - Artificial Forest (2017) (Industrial Techno)

Un album qui aurait pu être dans le Top 2017 mais qui malheureusement a été découvert après l'établissement dudit classement. Pour résumer la chronique qui a été faite dessus, on peut mentionner une techno à l'ancienne, empruntée à l'EBM, pour un rendu très industriel, percutant et abrasif.
D'ailleurs 2019 s'annonce bien avec ce que le bonhomme vient de sortir.

KILLER INSTINCT - Rebirth (2016) (Darksynth / Horrorsynth)

De l'electro sale et stroboscopique, dans la veine GESAFFELSTEIN mais en plus... rythmée, je dirais. Le genre de son qui rendrait bien dans un club SM ou dans un dépôt bien dégueulasse de vampires drogués dans un ambiance Blade ou Underworld. Le titre Club Murder est juste celui qui te donne envie d'être crade et de te frotter sur tout ce qui traine. Une sex music parfaite, en quelque sorte.

DEVOUR - Within Shadow (2013) (Deathstep / Metalstep)

Avec seulement quatre titres, ce type de 21 ans pulvérise tous les autres "artistes" qui mélangent metal et dubstep en pensant obtenir un truc bien bourrin alors qu'ils se contentent juste de mettre un beat sans intérêt sur un riff mal accordé. Ici, DEVOUR te balance une vraie percussion enregistrée par une batterie électronique et te met la tête dans des syncopes et wobble qui se confondent avec une guitare. Within Shadow est sans aucune hésitation la meilleure découverte que j'ai pu faire en 2018.

DJ SKULL VOMIT - Ritual Glow (2014) (Metal / Breakcore)

Sans doute l'album qui aura le plus tourné de l'année. Derrière MOSHPIT, ce pourrait être la meilleure combinaison de metal et de techno que l'on pourrait trouver à l'heure actuelle. Je regrette juste que le côté metal ne soit pas plus exploité au profit d'un breakcore qui amène parfois sur quelques longueurs. Il ne faut pas oublier la notion de DJ et que donc les titres ne sont pas vraiment des créations originales mais plutôt un mixage de plusieurs sonorités, dont la base de données est un poil (trop) empruntée à SONIC MAYHEM.

TOP 10-2018

Avant de mentionner les dix albums qui, à mon sens, méritent une place dans mon panthéon, j'aimerais parler succinctement d'une tendance que je commence à trouver fort inquiétante : l'émergence toujours exponentielle de groupes de musique (ou one-man-band, artiste, projet, ou quelque soit l'appellation qui leur est attribuée). Rechercher de la musique, dans un style particulier et totalement au hasard, devient une tâche de plus en plus ardue.

Aujourd'hui, cela devient vraiment compliqué de trouver quelque chose de réfléchi, travaillé, mais surtout de musicalement plaisant. N'importe quel clampin est désormais capable de créer sa propre musique et de l'afficher publiquement en seulement quelques clics. Avoir un catalogue aussi fourni est certes une bénédiction pour un amateur de musique : un choix quasi infini d'artistes aussi divers et variés aux styles tout aussi éclectiques… mais bordel qu'est-ce qu'il peut y avoir comme merde. Entre ceux qui publient tout et n'importe quoi, voulant s'afficher comme étant productif mais qui restent totalement insipides dans leurs créations, ceux qui veulent absolument créer un truc novateur que le résultat est absolument inaudible et sans intérêt ; ou encore ces derniers qui croient révolutionner le genre et te spamment de tous les horizons alors que leur musique n'a rien d'extraordinaire.

A cela vient également se greffer de façon corolaire la pléthore de sous-genres multiples, considérée comme étant une classification essentielle pour les uns, ou totalement inutile pour les autres. Bien que cela reste un excellent moyen pour chercher quelque chose de façon précise et pertinente tant que l'on reste dans les grandes lignes, certains groupes ou artistes se croient tellement uniques ou originaux qu'ils s'inventent des sous-genres exclusifs que c'en devient ridicule. Peut-être que tout cela n'est qu'une suite logique de l'évolution musicale, de la façon de l'écouter, de l'acquérir… Il faudrait que je retrouve cette étude faite sur l'évolution de la classification musicale qui a tendance à aller vers un système de mots-clés et non plus de style à proprement parler. Ce peut être une idée pour un futur édito, tiens.

Le bon côté de la chose, c'est quand un son sort un peu du lot, on l'apprécie davantage et cela devient presque gratifiant d'avoir trouvé quelque chose d'audible au milieu de toute cette cacophonie. C'est comme cela que j'ai construit ce classement, en plus de privilégier davantage des petits musiciens plutôt que des gros groupes sous labels. Voici donc ma contribution sur une sélection personnelle de dix albums qui m'auront marqué à leur façon.

HOLLYWOOD BURNS - Invaders
(Synthwave)

On a beaucoup entendu parler de cet album lors de sa sortie. Ce dernier a tout de même suscité un grand intérêt et aura beaucoup tourné de mon côté également mais... une fois l'engouement passé, c'est comme si je l'avais déjà oublié. Bref, je souhaitais en parler puisque c'est un très bon album, solide et soigné et que si vous êtes tout de même passé à côté, je vous renvoie sur la chronique du stagiaire pour un avis plus détaillé.

TUNDRA - 1997
(Ambient / Electronic)

Un album tellement difficile à appréhender, de part la pluralité des sonorités utilisées ou encore de la volatilité des genres explorés. Erik Winther prouve qu'il est à l'aise dans n'importe quel genre d'EDM, rappelant épisodiquement de la trance, voire de l'eurodance par moments. Le tout dans une ambiance très typée années 90 avec une direction sci-fi légèrement cyberpunk. C'est ce qui fait sa force, puisque chaque écoute revient un peu comme si c'était la première fois que je lançais l'album, où à chaque fois je (re)découvre de nouvelles mélodies qui viennent compléter un peu plus l'ensemble à chaque lecture.


ESA - That Beast
(Rhythmic Noise / Powernoise)

De la grosse basse qui frappe fort, puissante, intense et qui explose de partout, que dire d'autre ? On peut difficilement faire mieux dans le genre, avec une qualité sans précédent. Si le caisson de basse a un orgasme, alors moi aussi ! Pour plus de détails et une analyse plus poussée, c'est sur la chronique complète que je vous invite à vous rendre.


VVOV - Like Saturn
(Darksynth / EBM)

La petite surprise de fin d'année qui prouve que ça peut être payant de fouiner dans les méandres du net à la recherche de la perle rare. Groupe relativement jeune mais rempli de fougue, avec une approche plus brutale de la darksynth avec ce côté EBM, qui ajoute une touche un peu plus sombre à un genre parfois trop pouet pouet. Les influences metal, electro-indus voire futurepop ajoutent une véritable hétérogénéité à l'album où les titres sont un poil trop courts par contre. Bref, un groupe que je compte bien suivre de près.


ERANG - Endless Realms And Nostalgic Gods
(Dungeon Synth)

Peu d'artistes arrivent à faire ressurgir de véritables émotions à l'écoute de leur musique. ERANG a réussi cet exploit, notamment avec cette notion de nostalgie. L'on a peut-être dû avoir certaines références en commun, ce qui a provoqué cette réaction ; mais quand j'écoute cet album ce sont des souvenirs d'enfance qui reviennent instantanément et je me retrouve à voyager avec moi-même : une véritable introspection. Un ressenti très personnel, assez intime même et pour cela... merci.


LAZERPUNK - Death & Glory
(Darksynth / Synthwave)

Depuis la sortie de son premier album en Janvier 2018, LAZERPUNK voit sa musique prendre de plus en plus d'ampleur dans le milieu de la synthwave et ce n'est pas volé ! Les genres se mélangent en harmonie, où l'on trouve aussi bien des titres très nerveux et d'autres plus traditionnels, tout en gardant une rythmique bien intense.

REVIZIA - Phantom
(Darksynth / Dark Electro)

Autre petite perle de fin d'année, REVIZIA s'incruste dans la scène darksynth avec puissance, en défonçant tout ce qui se trouve autour. Le genre d'electro que j'adore, dans la même veine que KILLER INSTINCT, ou GESAFFELSTEIN, celle que j'aime qualifier de sale et stroboscopique, ou encore propice aux ambiances de club SM.


ANTIVERSE - Under the Regolith
(Death Metal)

Là, c'est ce que j'appelle du gros rouleau compresseur. Net et sans bavure, avec une approche vectorielle, car le son rappelle VEKTOR, voilà... Bref, c'est du death metal bourrin de qualité, légèrement old-school et typé thrash, avec quelques soli un peu trop épars à mon goût. Par contre, la voix peut en dérouter au premier abord. Ce n'est pas que celle-ci est typée melodeath scandinave, en fait si, mais disons que ça pourrait en rebuter certains.


ALTARS OF GRIEF - Iris
(
Black Metal / Doom Metal)

Lors de la première écoute, je suis resté sur le cul. Déjà, le style de chant choisi est totalement atypique par rapport au genre. Un peu déroutant au début mais on se laisse prendre par la main, puis guider tout le long de l'album qui ne cesse de surprendre avec ses passages de violoncelle, bien mélancoliques, ou encore ses quelques moments bien nerveux.


KALLIDAD - Flamingo
Mariachi Metal / Thrash Flamenco)

Les australiens les plus mexicains de l'île se sont vraiment défoncés sur ce coup-là. Tout ce que le trio a su faire de mieux se retrouve condensé dans cet album. Rien que le titre d'ouverture est une invitation à bouger. Ces gars-là ont déjà une énergie communicative conséquente rien que sur album alors imaginez en concert ! Que vous soyez dix ou cent, tout le monde sera debout à danser sur les rythmes effrénés du groupe. Non mais sérieusement, osez écouter The Beast en restant totalement impassible ! Chanson de l'année tous styles confondus.