Chronique | Wednesday 13 - Condolences

Pierre Sopor 2 juin 2017

Fini de rire. On avait bien senti le vent tourner, depuis Skeletons, mais aussi le come-back des MURDERDOLLS en 2010 : WEDNESDAY 13 s'oriente vers un son plus metal depuis une dizaine d'années. Ce virage s'est confirmé avec The Dixie Dead, et surtout son dernier album Monsters of the Universe. Condolences donne le ton dès son artwork, signé Travis Smith, auteur de superbes pochettes pour OPETH notamment : l'album quitte les délires bigarrés des séries B pour un ton plus macabre et sérieux.
La courte introduction qu'est Last Rites plante le décor : avec ses nappes anxiogènes, ses coups de pelle dans la terre, et son tourbillon de voix qui nous plonge en pleine confusion, elle nous invite dans l'univers sinistre de l'album. Il sera question de mort, de la recevoir et de la donner, de tueurs fous et de funérailles. Brrr, ça s'annonce bien ! Rythmique pachydermique, mélodie creepy : What the Night Brings ouvre les hostilités, les vraies. Quand Wednesday 13 commence à chanter, c'est d'une voix menaçante qui fait plaisir à entendre. On est loin des titres plus entrainants et agressifs de ses jeunes années, plein de jeux de mots aussi funs que régressifs. Le rythme s'enflamme cependant rapidement, dès Cadaverous. Si le son est toujours plus proche du metal moderne que du punk sous influences 80's, on retrouve un sens de la formule qui fait mouche et du refrain accrocheur un poil plus ludique... mais plus anecdotique aussi. La routine peu à peu s'installe, perturbée par des titres plus légers (plus niais ?) comme Blood Sick ou la dégoulinante Cruel To You qui nous renvoie à l'époque d'un Calling All Corpses de sinistre mémoire.

Condolences contient quand même son lot de bons moments, voire très bons. Citons par exemple les deux titres les plus violents de l'album, You Breathe, I Kill avec ses gros riffs et ses paroles menaçantes ou encore Omen Amen et son refrain si rock'n'roll qui groove à mort. Mais au milieu de cette batterie si présente, des guitares si furieuses et de toute cette débauche frénétique, la vraie surprise vient du morceau titre, Condolences. Mettant en scène sa propre mort, WEDNESDAY 13 signe un morceau plus atmosphérique, sombre, hanté, poisseux et puissant. En terme d'ambiance, on n'avait pas autant frissonné à l'écoute de son travail depuis A Bullet Named Christ. Le tout s'achève sur quelques notes de piano qu'on aurait aimé écouter un peu plus longtemps, garantissant la petite touche lugubre qui va bien, la cerise pourrie sur la pierre tombale. Quel dommage que l'album ne meurt pas sur cette note, d'ailleurs, car c'était la conclusion idéale.
Avec Condolences, WEDNESDAY 13 confirme son virage plus dur. Le son est plus lourd, le ton plus sombre, plus effrayant. L'humour noir reste présent, le sens de la formule aussi, mais sont moins en avant que par le passé. Les morts-vivants de l'espace qui n'effraient plus personne ont laissé place à des tueurs fous plus brutaux, plus réalistes aussi. On y perd cet esprit adolescent de rébellion gratuite, jouissive et régressive qui faisait tout le sel de son oeuvre, malgré un second degré toujours évident. Malgré ça, Condolences a le mérite de proposer une évolution cohérente pour WEDNESDAY 13, avec son envie de faire peur et ses quelques passages mémorables. Mine de rien, ça reste aussi confortable qu'un bon classique de l'horreur qu'on se regarde sous la pluie : routinier, prévisible dans sa globalité, mais familier et sympathique.