Chronique | Ultra Sunn - US

Tanz Mitth'Laibach 6 mai 2024

Cela faisait déjà quelques années qu'Ultra Sunn s'activait dans le monde des musiques électroniques sombres. Depuis son premier single Night Is Mine, en 2019, le duo belge constitué de Sam Huge et Gaelle Souflet avait sorti une myriade de single et deux EP (re-Night is Mine et Body Electric en 2021) mais pas encore d'album complet. C'est désormais chose faite avec l'album US de cette année 2024, à la fois initiales du groupe et pronom rassembleur. On est curieux d'écouter cela : le groupe a très vite montré sa capacité à réutiliser les rythmes de la scène EBM emblématique de son pays natal mais dans des atmosphères qui diffèrent du ton martial de Front 242.

Plus qu'un changement de format, US se révèle cependant être un véritable saut qualitatif pour le groupe. Si on retrouve la boîte à rythmes vigoureuse et répétitive que l'on aimait déjà sur ses travaux précédents, on constate en revanche que les nappes de synthétiseur sont plus soignées que par le passé ; moins froides que nostalgiques, elles s'articulent parfaitement avec les martèlements de la boîte à rythmes et des quelques sonorités bruitistes dont l'album est émaillé, les laissant se déployer pour nous faire danser dans une atmosphère sombre, annonçant parfois longuement leur explosion. Le chant de Sam Huge est davantage mis en avant et surtout, a visiblement trouvé sa voie loin des poncifs de l'EBM : grave et assuré, il s'épanouit dans des effets de réverbération empruntés au post-punk et au goth-rock.

Les neufs morceaux de l'album se goûtent ainsi avec plaisir, un plaisir qui combine rafraîchissement et échos d'un passé aimé. Parmi eux, on s'éprend rapidement de l'excellente intro Broken Monsters, pas loin d'un Depeche Mode assombri, et plus encore de Lost and Found pour sa mélodie et ses sonorités rétro. La plus grosse surprise vient toutefois du dernier morceau The House : celui-ci est entièrement instrumental et beaucoup moins dansant que le reste de l'album, construit sur une lente progression dans une atmosphère sombre ; on apprécie également cette autre facette inattendue d'Ultra Sunn, qui clôt agréablement un disque décidément fort plaisant.