Chronique | Tricksterland - 3 EP

Pierre Sopor 31 juillet 2017

TRICKSTERLAND est, de base, un projet sévèrement secoué. Convoquant différents compositeurs et DJs, mélangeant les influences et les genres, le projet peut aller du metal industriel à l'electro hardcore en un rien de temps, en passant par des sons plus rock. À la fois drôle, violent, mélancolique et touchant, le projet a trouvé en une créature tricéphale le logo parfait. Mais quand on sait que ces derniers mois TRICKSTERLAND est également passé par des changements de line-up, on se dit que le chamboulement a du être plus profond qu'on ne l'imaginait.

À l'image de son frontman Loki Lonestar, TRICKSTERLAND est difficile à saisir et à suivre, envoyant bouler tout ce qui s'apparente à une limite, faisant exploser les frontières et dansant frénétiquement à des kilomètres de ce point ennuyeux connu sous le nom de "juste milieu". Après un très chouette premier album, Le Voyage, cet EP est leur première sortie depuis deux ans. Sobrement nommé 3, comme le nombre de faces au logo, de membres fixes sur scène (oui, parce que ça aussi ça change tout le temps), de pommes qu'il faut empiler pour faire un clone de Loki ou de morceaux qu'il contient, cet EP permet de découvrir le (les ? une des ?) nouveau(x) visage(s) de TRICKSTERLAND. Comme les derniers concerts du groupe l'avaient laissé entrevoir, le groupe prend le parti d'une orientation plus hardcore et rentre-dedans, dans la lignée du morceau Kill Your Heroes présent sur le Le Voyage. L'EP démarre avec D-Day, dont la petite mélodie orientale des débuts laisse vite la place à des beats massifs, renforcés par des riffs de guitare acérés. C'est agressif, ça envoie à mort et en live ça ne rigole pas. On enchaine avec une version remasterisée de Kill Your Heroes, avec une guitare furieuse plus en avant : probablement la touche de Carrie Circus, qui a rejoint le groupe l'hiver dernier pour remplacer Bloody MC dont la clarinette sera, hélas, désormais absente. Plus agressif encore qu'avant, ce titre semble être le porte-étendard de cette nouvelle orientation pour TRICKSTERLAND : festive et énervée, où Loki Lonestar hurle et convulse pendant que Carrie Circus massacre sa guitare. Après ces deux titres violents et assez sombres, l'EP s'achève avec Get Dirty, un titre festif et décalé s'ancrant dans la démarche également humoristique du groupe et qu'ils jouent en live depuis plus de deux ans. Enregistré pour la première fois en studio, Get Dirty profite d'un duo au chant avec Sylver Frogger, un des nombreux grands malades qui gravitent autour de la galaxie TRICKSTERLAND. C'est ludique, c'est n'importe quoi, c'est rigolo.

Avoir des nouvelles de TRICKSTERLAND fait sincèrement plaisir. Si les trois titres présents sur l'EP étaient déjà connus des chanceux qui ont vu le groupe sur scène dernièrement, avoir des versions studio à apprécier permet de mesurer le parcours parcouru par cette troupe d'aliens. Et, fidèle à leur générosité, les tricksters offrent l'EP en téléchargement gratuit sur leur soundcloud