Chronique | The Unguided - Lust and Loathing

Demona Lauren 12 avril 2016

Alors qu'ils nous l'annonçaient en octobre dernier via leur chaîne YouTube officielle, le groupe de death metal mélodique suédois THE UNGUIDED composé de 3 anciens membres de SONIC SYNDICATE (Richard Sjunnesson et les frères Richard et Roger Sjunnesson), d'Henric Carlsson et Richard Schill, concrétisent et finalisent enfin leur trilogie d'albums sur laquelle ils travaillent depuis près de 6 ans. Après la sortie de Hell Frost en 2011 et Fragile Immortality en 2014, Lust and Loathing vient ponctuer la montée en puissance d'un groupe qui a vécu, à ses débuts, dans l'ombre de l'ancien groupe qui a fourni 3 de ses membres, SONIC SYNDICATE. Si ce dernier est toujours en activité, et avec brio, THE UNGUIDED a su imposer sa propre griffe dans le monde du death metal tout en restant fidèle aux racines musicales à la fois de ses membres et du metal typiquement suédois.

En octobre et novembre 2015, les Suédois postent une série de Vlogs sur YouTube détaillant l'avancement artistique de la confection de leur album, nous en mettant l'eau à la bouche. L'album sort alors le 26 février, incluant une sortie au Japon, pays friand du groupe scandinave. Les albums en pré-ventes sont un succès, d'autant plus qu'ils incluent un CD en édition limitée et le tee-shirt du groupe. Lust and Loathing commence in media res avec un Enraged enragé comme il le faut. S'ils ne prennent pas de risques sur ce premier morceau introducteur, c'est avec réussite qu'ils appâtent l'oreille avertie du metal addict. Forte de son background bien scandinave, Engaged mélange les inspirations sonores tout en laissant une place prépondérante à la mélodie. S'en suit The Worst Day, probablement le meilleur titre de l'album et véritable bijou ! Finement travaillée, elle associe de façon délicieuse la touche synthé poussée et ultra- puissance des basses tout en ne négligeant pas l'accompagnement vocal surpuissant. Si Kings of Clubs continue dans la même verve, Heartseeker est le petit signe de discontinuité dans l'album qui permet de retomber sur ses pattes et de noter à quel point l'album est bien ficellé, rompant ainsi avec la possible monotonie qu'affichent certains albums metal. Heartseeker n'est pas une nerveuse mais ce n'est pas non plus une ballade à part entière, juste un savant mélange de death et de mélodique. On retourne aux fondamentaux avec Phobos Grip, on monte en puissance. Si Heartseeker marquait un petit pont dans l'album, c'est Black Eyed Angel qui fait la totale jonction entre la première partie et la deuxième partie de Lust and Loathing. Aux débuts doucereux s'en suit un dynamisme vocal et atmosphérique. Si le titre rappelle Green Eyed Demon de HELL FROST, il en reste d'autant plus fort. Hate (and Other Triumphs) qui fait suite à Operation E.A.E. et Boneyard est d'une beauté vocale et s'inscrit comme la ballade de l'album. La qualité globale du morceau fait sortir le groupe de ses sentiers habituels et ce n'est pas pour nous déplaire. Hate nous démontre que THE UNGUIDED est capable de bien plus que de produire quelques riffs de guitare et cris violents et termine sur des notes à nous en donner la chair de poule. Mercy ? Ne pas s'y fier, le titre est sans merci et reprend sur ses bases nerveuses pour ce morceau bonus qui ne va pas sans rappeler Denied pour le rythme énergique de la batterie mais avec plus de violence. Après avoir conclu sur Judgment, autre titre bonus, le groupe décide de montrer tous ses atouts en live avec un Betrayer of the Code version live. Avec des prestations à venir en Suède, Allemagne, Pologne, Autriche, République Tchèque et Pays-bas, il est certain que beaucoup verront en eux des concurrents aux meilleurs groupes suédois death metal mélodique en activité. Lors d'un entretien qu'ils nous a accordé, Richard a tenu à nous livrer ses impressions à chaud de cette expérience :

Le concept de THE UNGUIDED a été le même depuis ses débuts, il y a plus de 5 ans maintenant. Lorsque nous avons formé le groupe, nous avions la vision d'en faire une trilogie d'albums , tous reliés à un concept lyrique et une thématique d'oeuvres d'art. Lust and Loathing est le point culminant de ce rêve trilogie et la fin de l'histoire . L' histoire elle-même est vraiment une projection métaphorique de ce qui est arrivé dans ma vie et carrière musicale au cours d'une fenêtre de temps d'environ une décennie. Surtout en ce qui concerne le succès de SONIC SYNDICATE, comment il a commencé , ce qu'il a été, et comment cela s'est terminé. Tout est dépeint dans la trame de l'histoire et les personnages sont vaguement basés sur les relations humaines durant cette période. C'est le récit d'un combat constant en lequel vous croyez vraiment, et en partie une histoire d'amour également. Je crois que vous pouvez trouver tous les détails croustillants dans le livret de l'album.
Bien plus que de s'avancer sur les devants de la scène armés d'un album tonitruant, THE UNGUIDED nous livre un panel de titres qui ne peut que donner du bon son en live. Alors que les cinq suédois tenaient à marquer leur territoire avec la dernière pièce de leur puzzle trilogie, il semble qu'ils sont en réalité allés bien au-delà de cela. Pari réussi !