Chronique | SheWolf - Debut EP

Pierre Sopor 16 mars 2017

Les choses vont très vite du côté de SHEWOLF : à peine un an et demi après sa formation, le groupe a sorti un premier EP, donné plusieurs concerts sur certaines scènes cultes parisiennes (le Bus Palladium, les Mécaniques Ondulatoires) et en Angleterre, fait un plateau télé sur Canal + et sorti un chouette clip ! Pas mal pour cette meute toute jeune, dont on peut enfin disséquer la première sortie.
Ce premier EP s'ouvre sur Red Moon Slave, morceau pour lequel les SHEWOLF avaient justement sorti ce chouette clip dans une baraque délabrée. Avec son rythme lascif, louvoyant et hypnotique et ses éclats rageurs, ce premier titre séduit d'emblée. Il y a dans la musique de SHEWOLF une menace sous-jacente et un désespoir caché derrière des arrangements pops et accrocheurs, et SALLY confirme ce sentiment de malaise, de tumulte. SHEWOLF, avec son côté no-future désabusé dégage une énergie punk qui s'exprime sur Down The Well, ressuscitant également la rage adolescente inhérente au mouvement grunge dans la deuxième partie du titre, alors que les guitares se lâchent et explorent des directions plus psychédéliques et inattendues. En donnant vie à un son chaud, agréable à écouter, SHEWOLF brouille les pistes et se joue de l'auditeur, dissimulant son amertume et sa rage derrière un emballage séduisant, faussement sucré. Quand le groupe impose un rythme plus lent et las, c'est pour mieux tout fait péter (Fix It), ou invoquer des modèles plus glauques que les inévitables NIRVANA, HOLE et compagnie : on pense par exemple au désespoir poisseux et pesant de ALICE IN CHAINS le temps d'Anorexong. 
Il y a dans SHEWOLF ce léger côté anachronique qui fait plaisir à entendre et nous replonge quelques années en arrière, à une époque où QUEEN ADREENA par exemple, savait aussi bien mélanger fragilité, fêlures et colère. Entêtante, la musique des quatre louves l'est assurément. Prometteuse aussi, tant ce premier effort est convaincant, et l'avenir s'annonce radieux pour elles.