Chronique | Puscifer - Money Shot

Pierre Sopor 30 octobre 2015

Après les mantras chamaniques et l'humour gras du premier album, PUSCIFER nous avait pris à contre-pied avec le superbe Conditions Of My Parole. Le side-project de Maynard James Keenan (TOOL, A PERFECT CIRCLE) changeait radicalement de ton, et ce faisant, trouvait son identité. Et les ingrédients qui faisaient la réussite de ce deuxième album se retrouvent à nouveau dans Money Shot, asseyant donc l'orientation plus ambiant, quasi trip-hop du groupe, assumant toujours ses aspects mystiques et décalés. Plus contemplatif, Money Shot enchaîne des morceaux qui sonnent comme des révélations mystiques. Le chamanisme de V Is For Vagina ne se résume plus à des incantations répétitives mais à une espèce de communion, d'extase, d'ode à la nature qui ressort particulièrement avec le clip Grand Canyon. Alors certes, tout cela est très planant, la voix de Keenan est décidément à part, mais on ne peut s'empêcher de trouver ça un tantinet chiant. C'est très beau, mais ce début d'album ne décolle pas non plus. Et l'agressivité du chant sur Money Shot semble même déplacée. Difficile de retrouver la magie de Conditions Of My Parole, alors que les morceaux s'écoutent pourtant sans déplaisir. La deuxième partie de Money Shot fonctionne cependant mieux, entre la mélancolie de The Arsonist et les riffs de The Remedy qui, le temps de deux morceaux, ressuscitent presque A PERFECT CIRCLE. Sur Smoke And Mirrors et son ambiance magique, le chant de Maynard James Keenan prend des airs de Dave Gahan pour le meilleur. Alors non, Money Shot n'est pas la révélation mystique qu'avait été Conditions Of My Parole, la faute peut-être à un manque de variété et de surprise. Il ne sera pas un éveil spirituel, mais reste un bel album, parfait pour l'hiver, réconfortant et agréable. Mais après trois albums, PUSCIFER ne surprend plus, et ce malgré des visuels décalés et de nombreux catcheurs mexicains. Peut-être serait-il temps pour Maynard de revenir à TOOL le temps de se ressourcer ?