Chronique | PIG - The Merciless Light

Pierre Sopor 22 septembre 2022

Raymond Watts ne s'arrête jamais. Le label Metropolis Records a beau introduire le nouvel album de PIG en expliquant que l'artiste a eu plus de temps pour sa musique grâce à la pandémie, son rythme était déjà d'environ une sortie par an, en comptant les albums de remixes. Néanmoins, The Merciless Light sort quelques mois après l'EP Baptise, Bless and Bleed : cette année, on aura eu une double dose ! Au risque de s'essouffler ?

Bien sûr, la réponse jaillit comme une évidence glorieuse dès les premiers instants : PIG est en pleine forme et continue sur la lancée de Pain is God. Watts, toujours aussi théâtral, éructe puis séduit, passe du crooner au grotesque, du grognement caverneux aux choeurs et au gospel qui viennent donner à PIG sa dimension biblique. Le jazz déglingué de Limbo, le piano mélancolique et les choristes du final du morceau titre, les riffs plus méchants de No Less More Yes, les quelques mots répétés en français dans Veni Vidi Veci ("tout est bon, dans le cochon", évidemment), la lourdeur lugubre de The Judas Chair où le chant de Watts est particulièrement habité: chaque morceau se démarque, surprend, séduit alors que les durées s'étirent jusqu'à approcher de la dizaine de minutes. Il n'en faut pas moins pour prendre le temps de bien s'amuser. L'ensemble est varié, riche, fou, décontracté, sinistre, nonchalant, incisif, diaboliquement cool. Le mélange halluciné d'indus, de blues, de jazz et de gospel de Watts, toujours aussi extravagant et exubérant (on pense parfois à un mélange entre JG Thirlwell et Danny Elfman), fait mouche. Sorti presque en même temps que le dernier album des anciens collègues KMFDM (Watts cite d'ailleurs Juke Joint Jezebel dans Veni Vidi Vici), The Merciless Light partage avec ce dernier un goût pour la surprise, l'inattendu et les titres longs tout en rappelant l'importance qu'avait Watts dans la bande de Konietzko et Cifarelli.

The Merciless Light vient confirmer l'indomptable énergie créative qui anime Raymond Watts depuis la réactivation de PIG en 2016 avec The Gospel. On y devine pour lui un terrain de jeu exceptionnel et le résultat est à la fois inspiré, jouissif, inquiétant et divertissant. Pas de doute et plus que jamais, Watts a lard et la manière.