Chronique | Our Banshee - 4200

Cécile Hautefeuille 20 octobre 2017

C'est aujourd'hui la sortie du premier album de OUR BANSHEE, duo dont la formation remonte pourtant à deux décennies. Il leur a fallu plus de vingt ans pour digérer ce premier opus... et quelques galères musicales sur lesquelles ils ont voguées jusqu'ici. Agi Taralas et Stefan Böhm se sont connus, se sont plu, déplu, ont formé des trios, ensemble et séparément. En 25 ans, ils accumulent à eux deux une bonne dizaine de projets, pour certains avortés. Parmi ces derniers, on retiendra le très réussi mais trop éphémère PZYCHOBITCH, que Stefan Böhm avait fondé avec Frank Klatt et la sulfureuse Sina Hübner (Sina, si tu nous lis, arrête de bouder, tu nous manques).

Cela ne fait finalement "que" dix ans que le duo a décidé de se retrouver et de travailler ensemble. Alors évidemment, un album composé par des musiciens qui à eux deux ont plus d'années de carrière que Michel Sardou, et qui a pris dix ans de digestion et d'écriture, ne peut être que bon. Bien mieux que tous les premiers albums synthpop qui fourmillent ces derniers temps. Le genre est devenu accessible à tout détenteur d'un clavier, d'un synthétiseur virtuel et de deux boîtes d'oeufs postées devant le micro pour cacher le fait que les voix ont été enregistrées aux toilettes. Et ça, franchement, on n'en peut plus. OUR BANSHEE apporte un vrai professionnalisme à une scène allemande qui se refile les trois mêmes producteurs de groupes en groupes et dont le son devient aseptisé.

Alors bien sûr, quand on entame les premières mesures de Christ, on entend tout de suite la référence à AND ONE. Et tout au long de l'album, le chant nous rappelle le premier d'entre tous, monsieur Dave Gahan. Mais OUR BANSHEE se départage de ses congénères sur bien des points. Avec Christ comme B2B (Back to Basics), Taralas ose le rap sur des rythmes clairement synthpop. Quelque peu déroutant à la première écoute, ce flow s'emboîte finalement en toute logique avec la mélodie et n'est pas sans rappeler l'influence de NECRO FACILITY.

Ce n'est pas la seule surprise. OUR BANSHEE ne s'interdit rien sur cet album : rythmiques EBM et samples de trance sur Answer, beats lourds empruntés à la dark electro avec Wenn die Erde Bebt, une reverb presque chiptune sur Christ, et finalement de la guitare et une ambiance bien plus froide avec The River et Hope & Despair. C'est à nous de nous adapter au style unique que le groupe nous offre. Cette variété empêche l'auditeur de tomber dans la monotonie d'un classique album de future pop aux mélodies répétitives et voix monocordes. La plupart des refrains sont des hits en puissance. Impossible de ne pas avoir Wenn die Erde Bebt ou You had it Comin dans la tête pendant des heures après la première écoute seulement.

Le point d'interrogation reste la performance live. Les voix sont extrêmement travaillées, robotisées, compressées, et on connaît tous des super groupes de synthpop qui se révèlent infoutus de sortir la moindre note juste sur tout un set (coucou ASSEMBLAGE 23). La justesse et la puissance de la voix sont souvent le points faibles de la synthpop, qui possède de bons compositeurs mais trop peu de bons chanteurs. Pour rendre un avis totalement positif, on attend donc avec impatience le verdict du live. En attendant, jetez-vous sur 4200.