Chronique | Osculum Serpentis - Miseria

Maxine 29 janvier 2024

Miseria, sorti le 23 janvier 2024, est le troisième album d'Osculum Serpentis (Maxime Taccardi) après Maleficia sorti en aout 2023 et The Curse of the Vampyre qui date d'octobre dernier. Projet de black metal vampirique sombre et déconcertant, Osculum Serpentis nous offre néanmoins une expérience plus personnelle de son auteur, loin des mythes japonais de Kyuketsuki, ou de la pure illustration qu'est K.F.R

Dès les premières notes, on ressent une synergie sincère, une interaction entre l'auteur et le chaos. Les guitares de Le noir Poème ou de Lumière écarlate semblent sur le fil du rasoir entre équilibre et déséquilibre, dissonance et harmonie, précipitation ou engourdissement. Il y a comme un glissement vers la folie après chaque temps discordants au sein de ces boucles infernales, marqué par des voix usées (les gémissements de Sentence nous déchirent le coeur) qui aspirent notre énergie autant qu'elles nous l'insufflent. Si l'ensemble crée une fable allégorique de la nature humaine et de sa constante décadence enlisée dans l'auto-destruction et la mélancolie, il donne aussi par son existence du sens à cette vie, inhérente à son vacarme abyssale. Le morceau Charogne de mon être, Odeur de ma Vie est d'ailleurs illustré par les dessins de l'auteur dans une vidéo qui nous l’espérons ne fera pas (encore) l'objet d'une malencontreuse suppression par les géantes machines de la toile, car il serait dommage de vivre cette épreuve introspective sans celle-ci. 

Les paroles intégralement écrites en français, langue maternelle de Maxime Taccardi, nous rapprochent encore un peu plus de la beauté des mots ravagés saignés de sa plume. Si chaque album contient un morceau magistral qui se démarque un peu plus des autres (la très belle instrumentale God forgot about Me sur l'album précédent vaut vraiment l'écoute), sur celui-ci c'est Le chant du cygne, d'une noirceur poétique pétrifiante, qu'il ne faudra pas manquer. Le superbe texte est mis à disposition par l'auteur ici

Cette oeuvre qui finit sur une talentueuse partition instrumentale, est un miroir sur l'enfer de notre monde, mais également une compagne de vie aussi obombrée qu'étrangement réconfortante. A croire que l'ardente inspiration toujours plus grandissante de son auteur sera encore longtemps à nos côtés durant ce qui nous semble être une brève éternité.